L'histoire paraît absurde, elle est pourtant véridique et n'est pas un cas isolé. Un multirécidiviste soupçonné d'avoir donné un coup de couteau à un homme en Vendée en août a été remis en liberté d'office, mardi matin, par des magistrats de Poitiers, l'administration pénitentiaire n'ayant pas pu, faute d'escorte suffisante, assurer son transfert pour qu'il puisse s'expliquer de vive voix, comme la loi le prévoit.
"Ce n'est pas nouveau". Virginie Duval, nouvelle présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), estime que cette situation n'est pas courante, "mais cela arrive malheureusement". "Ce n'est pas nouveau, c'était prévisible et c'était prévu", a-t-elle souligné mercredi au micro d'Europe 1. De fait, depuis 2011, c'est l'administration pénitentiaire qui est chargée de faire les transferts de prisonniers, en lieu et place de la police ou de la gendarmerie. Or, "elle n'a pas été dotée de moyens suffisants", selon Virginie Duval. "Elle ne peut pas tout faire."
Visioconférence. Seules solutions lorsqu'une escorte n'est pas disponible : "négocier avec la police ou la gendarmerie" ou "faire de la visioconférence". Dans le premier cas, les magistrats ne parviennent pas toujours à s'arranger et, quoi qu'il en soit, perdent énormément de temps. "Du temps de travail, de jugement, qui est [perdu]", rappelle Virginie Duval. Quant à la visioconférence, "les [prévenus] peuvent refuser. Il est quand même compréhensible qu'une personne qui joue sa liberté ait envie de se défendre en personne devant son juge. On a aussi des problèmes de matériel."
Pour Virginie Duval, il n'y a donc qu'une façon de sortir de l'impasse : "une meilleure organisation" et "renforcer les moyens de l'administration pénitentiaire".