Leur périple illustre les nouvelles méthodes utilisées par les candidats au djihad pour partir en Syrie. Plus discret que le billet d'avion pour Istanbul, des individus de la région toulousaine ont loué des camping-cars pour rejoindre les rangs de l’Etat islamique, en Syrie. Les plaintes déposées par les loueurs pour non restitution de véhicule ont alors éveillé les soupçons des services de renseignement français, qui surveillaient les deux familles, rapportent la Dépêche du Midi. Ces derniers ne faisaient toutefois pas l’objet d’une interdiction de quitter le sol français.
Les familles se coordonnent. Ils se sont coordonnés pour louer leur véhicule le même jour. Le 23 avril donc, un père de famille loue un camping-car pour lui et ses deux enfants. Et il ne cache pas au loueur la destination : la Turquie. "Tous ses papiers étaient en règle et il devait restituer le véhicule le 2 mai à 10 heures", précise la responsable de l'enseigne de location basée près de Toulouse.
Le même jour, un couple domicilié dans le quartier sensible de la Reynerie, à Toulouse, se rend à Montpellier, dans l’Hérault, pour obtenir un véhicule tout confort, identique à celui loué par le père de famille. "Cet autre modèle ne se trouvait que dans notre seconde agence basée dans l'Hérault, c'est pourquoi ils sont allés le louer là-bas", indique la présidente de l'agence de location.
Un véhicule tout confort qu’ils ne rendront jamais. Au loueur, le couple explique leur projet : voyager en Turquie via l'Italie et la Grèce. Pour ce faire, ils veulent le meilleur et loue un camping-car d’une valeur de 60.000 euros. Ils laissent 3.000 euros de caution et paient les 1.200 euros relatifs aux dix jours de location. Sauf que les deux véhicules de luxe, dont le retour était prévu le 2 mai, ne seront jamais restitués aux loueurs. Deux plaintes sont alors déposées par les agences de location.
Aperçus en Syrie ces derniers jours. Et rapidement, la DGSI prend la main sur les enquêtes ouvertes respectivement à Toulouse et Montpellier. Les enquêteurs découvrent que, parmi ces prétendus touristes, le père de famille était sous surveillance pour leur radicalisation, sans être pour autant interdit de territoire. Et la femme du couple de Montpellier était, elle aussi, dans les radars de la DGSI, sans qu'on sache à ce stade s'il y avait une surveillance très poussée.
D’après La Dépêche du Midi, la maison du père de famille toulousain a été retrouvé complètement vide. C'est donc la piste d'un départ définitif pour la Syrie qui semble privilégiée. La Syrie, où ces cinq personnes auraient été vues ces derniers jours.
Plus discret que les trajets en avion. Une affaire qui met en lumière les précautions prises par les candidats au djihad pour ne pas être repérés lors des passages de frontière. Les trajets en voiture, ou en camping-car, apparaissent comme un nouveau moyen de transport, et une nouvelle route de transit, plus sûre pour rejoindre l'Etat islamique. Les avions et les trains sont en effet davantage surveillés au passage des frontières que les véhicules des particuliers.