Va-t-il parler ? Rien n'est moins sûr à la veille de l'ouverture du procès de Sylvain Jouanneau, père de Mathis qu'il a enlevé en septembre 2011. L'homme de 41 ans, emprisonné depuis, n'a jamais révélé ce qu'il avait fait de l'enfant. Poursuivi pour enlèvement et séquestration de mineur et menaces de mort sur une ex-compagne, il encourt jusqu'à 30 ans de prison. La mère de Mathis, elle, se bat pour retrouver la trace de son fils. Le couple est divorcé depuis 2007.
"Qu'est-ce qui pourrait le faire craquer ?" Nathalie Barré, la maman de Mathis n'attend qu'"une seule chose", "c'est que (Sylvain) Jouanneau parle mais on n'en est pas du tout certain", a-t-elle confié à l'AFP.
Le père de l'accusé ne mise pas plus sur des révélations de la part de Sylvain Jouanneau. Dans une interview accordé vendredi à France 3 Basse-Normandie, il a expliqué que, si la Cour l'autorisait, il demanderait à son fils de "donner des informations pour que Mathis soit retrouvé". "Mais "après trois années et demi d'emprisonnement, qu'est-ce qui pourrait le faire craquer? Je le souhaite mais au fond de moi-même, j'y crois pas", a-t-il ajouté.
Confié à des tiers ? Depuis l’enlèvement survenu en 2011, le père de Mathis a expliqué l'avoir confié à des tiers, tout en refusant d'apporter plus de détails. Son avocate, Me Véronique Demillière, a assuré que son client "attend avec impatience ce procès pour montrer qu'il n'est pas mutique". Mais "je pense qu'il ne souhaite pas" dire à qui "il a confié" l'enfant "parce qu'il n'a pas envie d'envoyer des gens qui lui ont fait confiance derrière les barreaux", a-t-elle ajouté.
Ou tué ? Il est cependant possible que Sylvain Jouanneau, "animé" selon le parquet d'un désir de "vengeance" envers son ex-femme, ait tué l'enfant. Le mystère plane en effet sur la disparition de Mathis. Une information judiciaire distincte, ouverte contre X pour meurtre en avril 2013, est d'ailleurs toujours en cours.
"En sécurité" chez des "frères musulmans". Le 4 septembre 2011, Sylvain Jouanneau, maçon de profession et dont le casier judiciaire est vierge, va chercher son fils à l'école vers 18h, comme le prévoit son droit d'hébergement. Mais l'homme, qui a effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique par le passé, ne le ramène pas comme prévu le dimanche soir chez son ex-femme. Il expliquera avoir dit à Mathis que sa mère et son compagnon était morts dans un accident de voiture.
Le mercredi suivant, le camping-car de l'accusé est retrouvé à 35 km de Caen avec son passeport. Le lendemain, le 10 septembre, les forces de l'ordre mettent la main sur sa Peugeot 206 Break près de Bayonne. Aucune trace de sang n'est mise en évidence dans les véhicules. Dans le Break, les enquêteurs trouvent cependant des emballages de petits jeux de voyage ainsi que des tickets d'achats de jouets et de trois livres sur l'islam datant de fin août. Sylvain Jouanneau s'est en effet converti à cette religion après une relation en 2006-2007 avec une jeune femme marocaine.
Selon une source judiciaire, en 2011, Sylvain Jouanneau a écrit que Mathis était "en sécurité" avec des personnes en lesquelles il disait avoir "toute confiance", et que "(ses) frères musulmans" prendraient en charge l'avenir de Mathis s'il devait arriver quelque chose à son père. Il affirmait aussi être soutenu "par des complices sûrs et puissants". Malgré des recherches dans des institutions musulmanes et chrétiennes en Espagne, en Italie et au Maroc, et dans des associations de type sectaire en France, Mathis est resté depuis introuvable.