Le procureur de Bayonne a annoncé dimanche l'ouverture d'une information judiciaire pour "assassinat", après le meurtre à coups de marteau d'une femme de 33 ans à Saint-Jean-de-Luz, sur fond de "paranoïa", "toxicomanie" et "prostitution".
Le compagnon de la victime, un Français de 37 ans, sera présenté dans la journée à un juge d'instruction en vue de sa mise en examen pour "assassinat" et le parquet sollicitera son placement en détention provisoire, a précisé le procureur Jérôme Bourrier.
Le corps de la victime, de nationalité française, a été découvert vendredi dans une chambre d'hôtel, où le couple était installé depuis deux nuits. Selon le procureur, décrivant la scène de crime comme un "drame de la sauvagerie", la victime était allongée nue sur le lit, sur le ventre, les poignets et les chevilles attachés par une taie d'oreiller déchirée. Un marteau a été retrouvé sur les lieux.
"Il aurait entendu un monstre rire"
Lors de ses auditions, le mis en cause a fait état d'un "pétage de plombs" : "il aurait entendu un monstre rire" et aurait frappé avec son marteau "jusqu'à ce que ce bruit de monstre cesse", raconte Jérôme Bourrier. Une expertise psychiatrique du mis en cause va être menée, et une autopsie du corps de la victime aura lieu lundi pour déterminer un éventuel viol, précise le procureur de Bayonne.
Selon Jérôme Bourrier, le couple était pris dans "une spirale fatale", "teintée de paranoïa", et vivait d'hôtel en d'hôtel, se sentant "poursuivi, traqué", tantôt par un "ancien client de la victime", tantôt par la mafia.
La victime s'était présentée une première fois en janvier au commissariat de Saint-Jean-de-Luz avec une plaie à la tête, évoquant un coup de hache donné par un inconnu avant de parler d'une tentative de suicide. Son compagnon, placé en garde à vue, avait donné une version "compatible" et cette première procédure avait été classée sans suite, en "l'absence de charges suffisantes".
Un féminicide survient tous les trois jours en France
Mi-avril, la victime avait chuté du 5e étage d'un hôtel de Ciboure, à proximité. Son pronostic vital engagé, elle avait dû être hospitalisée. Là encore, placé en garde à vue pour "tentative d'homicide", son compagnon avait été laissé libre, notamment après que sa compagne l'a mis hors de cause de "manière catégorique".
Enfin, deux jours avant sa mort, la victime avait "quitté délibérément l'hôpital sans en avertir le personnel", pour rejoindre son conjoint et s'installer dans cet hôtel de Saint-Jean-de-Luz. En moyenne, sur les dernières années, un féminicide survient tous les trois jours en France. Selon le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti , il y en a eu 94 en 2023, contre 118 en 2022.