L'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est arrivé jeudi matin dans les locaux de l'office anticorruption de la police pour être entendu sur ses nouvelles accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Interrogé pendant cinq heures mercredi. Avant son audition, Ziad Takieddine a précisé qu'il était convoqué à 8 heures par les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF) à Nanterre, près de Paris, après avoir déjà été entendu mercredi pendant plus de cinq heures, selon lui.
Cinq millions d'euros dans des valises. Mardi, dans Mediapart, l'homme d'affaires, mis en examen dans le dossier Karachi, a assuré avoir transporté entre novembre 2006 et début 2007 entre la Libye et la France trois valises contenant cinq millions d'euros en espèces. Des fonds qu'il dit avoir remis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet de l'époque, Claude Guéant. "Je viens pour collaborer, pour confirmer tout ce que je dis avant. Personne ne m'effraie (...) Je viens pour corroborer tout ça, après les derniers éléments trouvés par le juge d'instruction", a-t-il déclaré, en se disant "serein".
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Sarkozy nie farouchement. Ziad Takieddine avait déjà porté des accusations sur un éventuel financement libyen de la campagne de la droite en 2007, mais il ne s'était pas impliqué directement dans des remises de fonds. L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy dément formellement ces accusations et a dénoncé mercredi "une manœuvre nauséabonde pour interférer dans la primaire de la droite et du centre".
"De la corruption très étendue". Les faits allégués par Ziad Takieddine ont déjà été évoqués en 2012 par l'ancien chef des services de renseignement libyen Abdallah Senoussi, lors d'une audition dans le cadre de poursuites de la Cour pénale internationale (CPI), révélée récemment par Mediapart. Abdallah Senoussi avait affirmé avoir "personnellement supervisé" le transfert de cinq millions d'euros pour la campagne en "2006-2007", selon des éléments de l'enquête des juges d'instruction français sur un possible financement libyen. Les juges ont par ailleurs obtenu la communication de carnets de Choukri Ghanem, l'ex-ministre du Pétrole, qui mentionne un financement. "C'est de la corruption très étendue, très profonde, qui existe en France et qui a fait beaucoup de peine aux Français", affirme Ziad Takieddine.