Le parquet de Guyane estime qu'une enquête a permis le démantèlement d'une "redoutable filière" d'immigration qui acheminait, depuis la frontière brésilienne, des clandestins "dont une partie alimentait des sites aurifères illicites", a déclaré mercredi la procureure adjointe de Cayenne Isabelle Arnal.
Des passeurs brésiliens. Huit passeurs présumés ont été interpellés le 24 novembre, tous "de nationalité brésilienne", un seule "était en situation irrégulière", a indiqué la procureure adjointe. L'une des personnes arrêtées a dû être libérée prématurément pour des raisons de santé, les sept autres personnes ont été mises en examen le 27 novembre, notamment pour "aide au séjour, importation de marchandises et complicité d'orpaillage avec atteinte à l'environnement en bande organisée".
Par le fleuve et par la route. L'enquête ouverte en octobre 2014 par le parquet avait été confiée à un juge d'instruction depuis juin dernier, notamment pour faciliter la poursuite d'écoutes téléphoniques. Des pirogues de clandestins embarquaient d'Oiapoque, une commune brésilienne à la frontière de la Guyane, sur le fleuve Oyapock, avec tous les risques que cela comporte là où le fleuve rencontre l'océan Atlantique, un secteur déjà théâtre de chavirages mortels par le passé. "Nous avons préféré mener une enquête de fond plutôt que prendre le risque d'interceptions dangereuses en mer" a déclaré le lieutenant-colonel Joël Champelovier, chargé de la police judiciaire à la gendarmerie de Cayenne. "Les passeurs utilisaient aussi la voie routière depuis la frontière du Brésil, contournant un barrage fixe à pied par la forêt avant de confier les migrants à un autre véhicule", a-t-il précisé.
2.300 migrants clandestins par an. Le procureur de Cayenne Eric Vaillant estime "dans une fourchette basse que trois pirogues avec à bord à chaque fois une quinzaine de migrants passaient chaque semaine, ce qui fait environ 2.300 illégaux par an, 3.000 en fourchette haute". "80% des clandestins transportés étaient des Brésiliens, 20 % environ des Haïtiens", a précisé le lieutenant-colonel Joël Champelovier.