Alors qu'il parcourt la France pour faire le tour des cathédrales, Henri, 24 ans, a croisé la route de l'auteur présumé de l'attaque au couteau d'Annecy qui a fait six blessés dont quatre enfants jeudi matin. Il l'a poursuivi et tenté de le désarmer jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre. Invité d'"Europe Midi" vendredi, il raconte.
Il est celui qu'on appelle "le héros au sac à dos". Henri , 24 ans, a poursuivi l'assaillant de l'attaque au couteau qui a fait six blessés dont quatre enfants jeudi matin à Annecy. Invité d'Europe Midi vendredi, il raconte ce qu'il s'est passé.
"Il avait le regard d'un fou"
Peu après 9h30 aux abords du jardin de l'Europe, un parc très fréquenté situé sur les rives du lac d'Annecy, un homme vêtu d'un short noir, un foulard bleu noué sur la tête, a agressé au couteau un groupe d'enfants sur une aire de jeux. "Je marchais dans le Pâquier quand j'ai croisé la route de ce fou furieux. Il avait le regard d'un fou." Henri, qui parcourt la France pour faire le tour des cathédrales, n'a pas compris immédiatement qu'il s'agissait d'une attaque. "J'ai d'abord cru à un vol à l'arraché, puis dès qu'il s'en est pris aux enfants dans le square, j'ai débranché le cerveau et j'ai vraiment agi par instinct, comme tout Français l'aurait fait", raconte-t-il pudiquement au micro d'Europe 1.
"J'ai essayé de m'interposer tant bien que mal avec ce que j'avais, donc mon sac à dos. Cet homme-là m'a semblé habité par quelque chose de très mauvais en lui et moi, intérieurement, j'ai été, vraiment par instinct, poussé par quelque chose de très puissant en moi", raconte ce fervent catholique. "Pour vous dire, j'avais vraiment une idée fixe pendant l'action, j'avais l'image du colonel Arnaud Beltrame en tête", témoigne-t-il. Le gendarme Arnaud Beltrame avait été assassiné par un djihadiste après avoir pris la place d'une otage à Trèbes, en mars 2018.
"Une grande force intérieure m'a poussé à le faire"
"C'était impossible pour moi de laisser cet homme agir contre ces enfants innocents et sans défense. C'est très mystérieux à dire mais une grande force intérieure m'a poussé à le faire, quelque chose de très intime m'a poussé à agir", ajoute Henri.
N'écoutant que son courage, Henri a poursuivi l'agresseur dans le parc avant l'arrivée des forces de l'ordre. Voyant l'étudiant tenter de désarmer l'assaillant, d'autres personnes lui viennent en aide. "J'ai peut-être été le premier à réagir mais ce qui est certain, c'est que d'autres personnes autour de moi se sont tout de suite mobilisées. D'autres personnes ont couru avec moi derrière l'agresseur. D'autres personnes se sont tout de suite tournées vers les plus petits pour comprimer les plaies et éviter que les plaies s'aggravent", indique-t-il.
Selon différents témoignages, l'assaillant a ensuite tenté de s'enfuir, blessant un homme dans sa fuite, avant d'être interpellé par des policiers qui ont ouvert le feu, touchant à cette occasion un adulte déjà blessé par l'agresseur.
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"C'est notre action individuelle qui sauvera le pays"
Sans mentionner directement une influence directe, Henri dit de ne pas avoir croisé la route de l'auteur présumé de l'attaque par hasard. "Peut-être que mon action a permis d'éviter un drame encore plus grand, mais peut-être aussi qu'elle a une portée symbolique qui, aujourd'hui, je l'espère, nourrira, les âmes et les esprits et continuera à indiquer aux Français que face à des attaques de ce genre, il faut surtout relever la tête et refuser que le mal fasse son œuvre. C'est notre action individuelle qui sauvera le pays."
Le jeune homme de 24 ans dit avoir déjà pardonné à l'assaillant. "Ce qu'il a fait le dépasse complètement. Et ce que j'ai fait me dépasse, nous dépasse complètement. Le message de tout ça, c'est simplement de dire qu'à partir du moment où on refuse que le mal agisse, on est capable d'agir contre le mal", a-t-il conclu. Henri devrait rencontrer le président Emmanuel Macron ce vendredi.