Voilà presque dix ans que l’homme recourait au même stratagème. Un ingénieur marseillais de 37 ans s’était inscrit sur le site Couchsurfing, qui permet aux voyageurs de dormir gratuitement sur le canapé de leur hôte. Mais ses intentions étaient bien particulières puisqu’il avait installé une caméra dans la douche pour pouvoir observer ses invitées lors de leur toilette. Un comportement voyeuriste qui lui a valu mardi d’être condamné à six mois de prison ferme et 18 mois de sursis.
Lexomil et tartine beurrée. L’affaire avait éclaté au grand jour en 2012, lorsqu’une jeune touriste berlinoise avait porté plainte contre cet employé d’ERDF. Et pour cause, outre la caméra dans la douche, l’ingénieur avait déposé du Lexomil sur la tartine de pain beurré de son invitée et de l’acide chlorhydrique dans son savon et sa culotte. Le but de la manœuvre ? L’homme voulait "qu’elle reprenne sa douche et se frotte intensément au niveau du sexe" pendant qu'il regardait, a-t-il reconnu devant les enquêteurs.
"Ce qui m’intéressait, c’était braver l’interdit." A la barre, la tête baissée, le visage empourpré, le prévenu a avoué que ses tendances voyeuristes remontent à bien longtemps, puisqu’il regardait sous les jupes de sa maîtresse en maternelle. Il avait déjà été surpris en train de photographier une femme dans sa cabine de douche à la piscine à Bordeaux, en 2009. Si les enquêteurs n’ont pas cherché d’autres victimes potentielles, l’homme a reconnu avoir donné du Lexomil à une jeune Tchèque et un autre médicament à une Polonaise. Tout en nuançant ses intentions : "Ce qui m’intéressait, c’était braver l’interdit, ce n’était pas forcément sexuel."
"Perversion de longue date". L'expert psychiatre a conclu à une altération de son discernement en raison d'une "perversion de type voyeuriste de longue date", circonstance dont le tribunal a tenu compte. Les faits ont été commis alors que le prévenu consultait déjà un psychologue auquel il n'a pas jamais avoué ses pratiques de voyeurisme.
Un personnage "qui n’inspire pas la méfiance". Aux yeux de Maître Laure Chazalet, avocate de la jeune Allemande, "il est quelqu'un de lisse, il n'inspire pas de méfiance. Ce qui le rend dangereux c'est justement qu'il ne paraît pas l'être". Me Géraldine Méjean, défenseure du prévenu, a souligné l'absence d'une quelconque agression sexuelle chez cet homme "encore immature mais extrêmement intelligent". Le tribunal lui a aussi imposé une obligation de soins.