L'affaire du refus d'obtempérer d'un jeune homme entrainant sa mort à Nanterre ne cesse de créer l'incompréhension et l'indignation. Pour Thibault de Montbrial, avocat spécialiste dans la défense des policiers, président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure et invité d'Europe 1 ce matin, les agents responsables de la mort de Nahel ont fait usage de leur dernier recours.
La mort du jeune Nahel a ébranlé la France et le paysage politique ce mardi. L'adolescent de 17 ans conduisait une voiture au moment où la police l'a interpellé à Nanterre , sa ville de résidence. Son refus d'obtempérer a mené à ce que l'un des deux agents fasse feu, menant à la tragédie. Si les élus de gauche dénoncent une fois de plus une bavure policière et un usage injustifié de l'arme à feu, il n'en est pas de même pour toute l'opinion. Pour Thibault de Montbrial , avocat spécialiste dans la défense des policiers et président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure, il demeure des "raisons plausibles" pour lesquelles peur survenir une telle tragédie lors d'un contrôle de police.
"Qu'est-ce qui fait qu'un policier peut mettre en joue lors d'un contrôle ? Réponse : ce qui s'est passé avant, donc il s'est nécessairement passé quelque chose avant, que l'enquête devra établir", estime l'invité d'Europe 1 ce mercredi matin. "D'expérience, je sais que quand on a une vidéo, on n'a pas ce qui se passe avant, on n'a pas ce qui se passe après et on n'a pas ce qui se passe sur les angles morts de la vidéo." Thibault de Montbrial appelle donc à la prudence avant d'incriminer la police, car tous les éléments de l'affaire ne figurent évidemment pas sur les enregistrements de l'altercation avec le jeune homme.
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"On n'est pas du tout dans le cadre d'un simple contrôle banal"
En outre, l'avocat rappelle qu'une seconde vidéo est largement relayée sur les réseaux sociaux depuis ce mercredi matin, témoignant d'une situation particulièrement tendue. "Elle est prise par un véhicule qui était devant le véhicule contrôlé et est filmée dans le rétroviseur. On voit manifestement qu'il y a une vive altercation, dans laquelle le conducteur n'est pas inactif", informe-t-il. "On ne distingue pas très bien, mais on voit qu'il se passe des choses et qu'on n'est pas du tout dans le cadre d'un simple contrôle banal."
La loi encadre par ailleurs formellement l'usage de son arme de service par un policier , comme le rappelle l'expert des questions de sécurité. "Le simple fait que le policier mette en joue montre qu'il y a des éléments en amont", affirme-t-il. "Or, l'un des critères de l'usage de l'arme lors de contrôles de véhicules, c'est qu'il faut que le policier ait des raisons plausibles de supposer que dans sa fuite, l'individu cause un risque pour lui-même ou pour autrui", poursuit Thibault de Montbrial. "Les raisons plausibles que la loi impose au policier pour utiliser son arme trouvent leur fondement dans ce qui s'est passé avant", l'avocat souligne donc l'importance de bénéficier de tous les éléments dans une telle affaire.
Enfin, bien que l'on ne sache pas ce qu'il s'est passé dans la voiture du jeune homme pour qu'une inspection prenne une telle ampleur, l'avocat évoque que l'on a tout de même connaissance "d'un premier refus d'obtempérer de l'individu qui a fui les policiers qui eux l'ont rattrapé." Pour l'heure, les deux enquêtes ouvertes pour refus d'obtempérer et tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique sont toujours en cours.