Prise d'otages d'In Amenas : une juge enquête sur la responsabilité de BP

Le site gazier d'In Amenas, en Algérie.
Le site gazier d'In Amenas, en Algérie. © JIJI PRESS / AFP
  • Copié
Guillaume Biet , modifié à
Une information judiciaire est ouverte pour "homicide involontaire" afin d’enquêter sur les failles dans la sécurité du site pétrolier.
INFO EUROPE 1

Trois ans après la prise d’otages sanglante ayant fait 37 morts à In Anemas, en Algérie, la famille de Yann Desjeux - seul Français tué lors de cette attaque - s’est battue pour obtenir l'ouverture d’une enquête et a été entendue. Selon les informations d’Europe 1, le parquet de Paris a en effet ouvert lundi une enquête pour homicide involontaire afin de faire la lumière sur les failles dans la sécurité du site pétrolier au moment de l’attaque. La sœur de Yann Desjeux, qui avait déposé plainte en novembre 2015, ne cache pas sa satisfaction de voir la justice française se saisir de cette enquête.

"Une négligence collégiale". Sa démarche s’appuie sur les investigations menées en Angleterre entre septembre 2014 et février 2015 au cours desquelles des dizaines de témoins ont été entendus. Les conclusions de cette enquête ont mis en lumière des défaillances dans la sécurité du site pétrolier d'In Amenas. Les recommandations d’un audit de sécurité rédigé quelques mois auparavant n’auraient pas été suivies d’effet, rapporte Marie-Claude Desjeux.

"Tous les témoignages montrent qu’il n’y avait non seulement pas de sécurité mais que ce manque de sécurité était signalé depuis 2012. Les barrières n’étaient pas fermées, les personnes n’étaient pas fouillées… Quand les terroristes sont arrivés, les portes étaient ouvertes", explique Marie-Claude Desjeux, interrogée par Europe 1. "Donc il y a franchement une négligence collégiale de tous ceux qui exploitaient ce site. Je ne suis pas sûre que cette attaque aurait pu être évitée. Moyennant quoi, si le niveau de sécurité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, avait été suffisant, cela aurait probablement retardé l’arrivée des terroristes pour faire le carnage que l’on connaît".

Une responsabilité indirecte de l'entreprise ? Désormais, une juge parisienne mène une instruction pour déterminer si BP et les autres sociétés qui exploitaient le site sont susceptibles d’être poursuivies pour "homicide involontaire par négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement". L’objectif est de déterminer si ces entreprises ont une responsabilité indirecte dans la mort de Yann Desjeux.

Dans le même temps, en Angleterre, les familles des victimes britanniques ont entamé une démarche judiciaire identique contre ces sociétés, selon les informations recueillies par Europe 1.