Un homme "ventripotent" et qui "ne paie pas de mine". Voilà la description peu flatteuse de Khalid Zerkani, 42 ans, faite par La Libre. Pourtant, le nom de ce prédicateur bruxellois revient avec insistance dans les enquêtes liées aux tueries de Paris et de Bruxelles. En prison depuis deux ans, il n'a pas organisé directement les attaques, mais il est néanmoins soupçonné d'avoir endoctriné Reda Kriket, interpellé il y a une semaine pour projet d'attentat imminent, Abdelhamid Abaaoud, logisticien présumé des attentats du 13 novembre, ou encore Najim Laachraoui, l'un des kamikazes de Bruxelles.
"Le Père Noël de Daech". Les enquêteurs n'en finissent plus de tomber sur le nom de cet homme né le 23 septembre 1973 à Zinata au Maroc, également connu sous le nom d'Abou Riad". Lorsqu'il est arrêté en 2014, la presse belge le présente comme le "Père Noël de Daech", celui qui finance les allées et venues de ses recrues entre la Syrie et l'Europe alors même qu'il n'a jamais perçu aucun revenu. Prudent, il n'envoie pas de sms et utilise des techniques de contre-filatures. Mais c'est en prêchant dans des appartements de Molenbeek qu'il finit par se faire repérer, notamment lorsque la famille d'un jeune qu'il a envoyé en Syrie lui tombe dessus, après la prière.
Un gourou qui sait recruter. Europe 1 a rencontré le beau père d'un de ces jeunes, qui assistait aux réunions de Khalid Zerkani. "Quand il a commencé à fréquenter Zerkani, il a commencé à être un peu agressif. Il restait la-bas, il dormait la-bas...", se souvient-il. Quatre mois après sa rencontre avec Zerkani, le jeune s'envole pour la Syrie. "Il m'a alors appelé, m'a dit qu'il avait fait son testament, déchiré son passeport...", témoigne le beau-père de ce jeune qui parviendra sans encombre à effectuer plusieurs allers-retours entre la Syrie et l'Europe. Mis sur écoute et suivi, Khalid Zerkani finit par être arrêté en 2014. Il écope d'une peine de douze ans de prison.
Des recrues préoccupantes.Abaaoud, Laachraoui et désormais Kriket : aujourd'hui, l'ombre de la filière Zerkani plane sur les enquêtes en cours. Certains membres de ce réseau sont toujours en Syrie, d'autres sont activement recherchés. Pour Peter Van Ostaeyen, l'un des meilleurs connaisseurs du djihadisme belge, les recrues de Zerkani ont un profil préoccupant. "On peut clairement dire que ce sont les plus dangereux et les plus enclins à combattre", affirme-t-il au micro d'Europe 1. "Certains sont morts, certains sont dans la nature, mais c'est comme une flaque d'huile qui se répand dans l'eau : vous pouvez enlever un peu d'huile, mais ça s'étend encore..."
D'après le décompte de Peter Van Ostaeyen, Khalid Zerkani a envoyé au moins 59 jeunes dans les rangs du groupe Etat islamique en trois ans.