C'est la saisie la plus importante jamais réalisée dans les Antilles françaises : 404 kg de résine de cannabis, soit presque une demi tonne. Un gros coup réalisé conjointement lundi par les hommes de l'Office central des stups de la direction centrale de la PJ (OCRTIS) et du renseignement douanier (DNRED), à Fort-de-France, en Martinique, selon les informations d'Europe 1. Cette opération permet de révéler certains flux du trafic de stupéfiants en 2015 : la résine de cannabis saisie provenait de métropole. Une trajectoire étonnante qui a pourtant une explication toute rationnelle.
404 kg dans un utilitaire Mercedes. Le porte-conteneur dans lequel ces 404 kilos ont été chargés, provenait du Havre, en Normandie. Il transportait 600 voitures devant être importées en Martinique. C'est dans l'un de ces véhicules, un Mercedes utilitaire que la drogue a été découverte, conditionnée en 13 "valises marocaines" de 30 kg. Il semble que ces paquets ont été comme "jetés" dans la voiture, dont le propriétaire n'a très probablement rien à voir avec cette histoire. Les trafiquants devaient, quant à eux, récupéré le cannabis à Fort-de-France.
Les trafiquants échangent "coke" contre "shit". Dans cette affaire, les enquêteurs de la PJ ont donc été confrontés à une situation nouvelle : du cannabis qui part de Métropole pour alimenter le deal dans les Antilles. C'est l'inverse du chemin traditionnel du trafic, notamment en termes de cocaïne. Comment expliquer un tel inversement des flux ? Cette saisie porte sur du cannabis, une denrée rare aux Antilles Françaises. Un produit -illicite- et hors de prix : à peine deux fois moins cher que la cocaïne.
Ainsi les trafiquants ont pris de nouvelles habitudes ces derniers mois. Plutôt que de grosses valises de billets, certains procèdent à des trocs : cocaïne contre cannabis. Et le taux de change est hallucinant : pour 1 kg de cocaïne, deux kilos seulement de résine de cannabis. En métropole, il faudrait 8 kilos de "shit" pour arriver à acheter 1kg de coke. Lundi, les enquêteurs de la police judiciaire ont donc récupéré ce joli stock de résine. On ignore encore à l'heure actuelle à qui ce stupéfiant chargement était destiné et où se trouve la potentielle poudre blanche qui aurait pu servir de monnaie d'échange.