Il y a une vie après le football. Mais le retour à la normale, Ghislain Anselmini l’a raté. Cet ancien joueur de l’Olympique lyonnais comparaît depuis lundi devant la cour d’assises de Savoie pour avoir organisé l’enlèvement et le braquage de son ancien coéquipier, Fabrice Fiorèse.
25 ans sous les projecteurs... Lunettes discrètes, barbe de trois jours, l’ancien joueur résume en quelques mots son parcours : "Il y a une vie de footballeur, une vie après le foot et puis une vie après la prison".
La vie de footballeur, celle de la "lumière", c’est à 17 ans et la balle au pied que Ghislain Anselmini la découvre, lorsqu’il devient joueur professionnel à l'Olympique lyonnais, en 1989. Le jeune footballeur reste au club jusqu’en 1998, avant de rejoindre l'En Avant Guingamp, de 1998-2000, puis l'US Créteil de 2000 à 2002.
… 25 ans consacrés au football. "On ne pensait qu'au football, on évoluait en vase clos", décrit-il dans le box des accusés. A 23 ans, le sportif se marie et devient vite père de deux enfants, ce qui ne l’empêche pas d’enchaîner les aventures extra-conjugales. A 32 ans, le quotidien sous les feux des projecteurs s’interrompt. Ghislain Anselmini tente bien de trouver un club en Chine, en vain. Si bien qu’il finit par opter pour une formation d'entraîneur.
Expulsé de sa propre maison. Dans un premier temps, Ghislain Anselmini devient entraîneur dans l'agglomération lyonnaise puis à Saint-Tropez, où il se met à cumuler les déboires. En 2003, il subit un important redressement fiscal qui le contraint à vendre son appartement parisien puis à emprunter de l'argent à son père. Mais faute de remboursement, ce dernier fait saisir la maison de son fils avant de le faire expulser.
Une reconversion loupée. Pour l’expert psychiatre, l’homme "n'était pas préparé". Devant la cour, Michel Debout décrit un Ghislain Anselmini "hâbleur, au contact aisé et agréable même s'il reste sur une certaine réserve". L’ex-footballeur "a ressenti un certain échec lors de sa reconversion, cela a été difficile pour lui", estime le spécialiste.
" Ghislain Anselmini a ressenti un certain échec lors de sa reconversion "
"En amitié, j'ai été trop loin". En 2012, l’ancien défenseur de l’OL est condamné pour recel d'abus de confiance dans une affaire liée au club de Marcy-l'Etoile, dans le Rhône. Devant les jurés, Ghislain Anselmini a affirmé avoir alors couvert son ancien coéquipier, Fabrice Fiorèse : "Fio était mon meilleur ami. En amitié, j'ai été trop loin." C’est pourtant cette histoire de malversation qui a fâché ces deux amis de vingt ans.
Ghislain Anselmini est endetté jusqu’au cou. Il doit emprunter de l'argent à un ami, jusqu'à son incarcération à la prison de La Talaudière, dans la Loire, dans le cadre de l'enquête sur le rapt avorté de Fabrice Fiorèse qui vaut aujourd’hui à l’ex-footballeur sa présence devant la cour d’assises.
Mettre la main sur 500.000 euros. L’affaire remonte au 28 septembre 2012. Ce jour-là, l'ancien joueur de l'OM et du PSG est enlevé à son domicile savoyard de Salins-les-Thermes par trois hommes encagoulés et armés. Par chance, il parvient à s’échapper. Son ex-ami, Ghislain Anselmini, est soupçonné d'avoir rancardé ses ravisseurs de la présence de 500.000 euros en liquide à son domicile. La somme provenait de la vente immobilière d’une résidence secondaire de Fabrice Fiorèse. Ghislain Anselmini en avait été informé de façon fortuite par l’épouse de son ami, dont il était encore très proche.
Une relation "platonique" avec la femme de son meilleur ami. Au moment des faits, cela fait un peu plus d'un an que les deux hommes, ayant joué en équipe à Lyon et Guingamp, sont brouillés. En revanche, Ghislain Anselmini continuait à entretenir une relation extrêmement suivie avec la femme de son ancien camarade, Aurélie Fiorèse. "J'étais très, très proche d'elle", a décrit l’accusé, évoquant un "amour platonique". Durant les six derniers mois de l’année 2012, tous deux ont échangé pas moins de 16.800 messages ou appels.
"19 mois de misère". Placé en détention entre mai 2013 et décembre 2014, Ghislain Anselmini découvre le milieu carcéral. "Dix-neuf mois de misère", durant lesquels il endure "quelque chose d'affreux : c'est chacun pour soi, c'est la jungle."
Aujourd’hui manageur d'un club amateur à Lyon, il est également en pleine procédure de divorce. A la barre, sa femme décrit un homme "très gentil". "Je n’arrive pas à voir ce qu'on lui reproche, il n’est pas violent, il n’est pas méchant", confie-t-elle, étouffant un sanglot.
Outre l’ancien footballeur, quatre autres hommes sont accusés d'avoir participé aux faits ou d’en avoir été complices. Seuls deux des trois ravisseurs ont été identifiés, trois suspects ayant bénéficié d'un non-lieu. La cour rendra son verdict mardi 19 janvier. Ghislain Anselmini risque 20 ans de prison.