Quand il sort au cinéma, “Le Loup de Wall Street” fait un carton partout dans le monde, y compris en Malaisie. Pourtant, en temps normal, les films occidentaux contenant des scènes de “débauche” y sont fortement règlementées, et pour cause : l’islam est la religion d’Etat. Mais cette fois-ci, étrangement, le film ne subit pas la censure. Au contraire, l’épouse du Premier ministre Najib Razak fait même pression sur le ministre de l’Education pour qu’il soit présenté dans les écoles. Officiellement, le film serait un outil pour dénoncer la cupidité des Occidentaux et les ravages de la drogue. Peu convaincue par ce prétexte, la journaliste d’investigation Clare Brown, autrice du blog Sarawak Report, décide d’enquêter sur la relation entre le film et le gouvernement malaisien. Elle raconte où l’ont mené ses recherches dans le podcast “Dangereux Millions”.
"Dangereux Millions", un podcast coproduit par le média public swissinfo, le service d’information en ligne de la Société suisse de radiodiffusion et Europe 1 Studio, avec les journalistes Marie Maurisse et François Pilet de Gotham City.
Réalisation et composition des musiques originales : Julien Tharaud
Direction SWI swissinfo.ch : Jo Fahy
Direction Europe 1 Studio : Fannie Rascle
Conseil éditorial : Susanne Reber
Relecture : Virginie Mangin
Archives SWI swissinfo.ch : Caroline Honegger
Archives Europe 1 : Laetitia Casanova, Benoît Muckensturm et Sylvaine Denis
Illustration : Kai Reusser
Promotion SWI swissinfo.ch : Xin Zhang et Carlo Pisani
Promotion et Diffusion Europe 1 Studio : Kelly Decroix et Eloïse Bertil
Clare Brown enquêtait en réalité sur les dépenses du gouvernement malaisien depuis bien avant la sortie du film “Le Loup de Wall Street”. Elle s’intéressait déjà tout particulièrement au fonds 1MDB créé par Najib Rizak et destiné à l’origine au financement de projets de développement pour les infrastructures du pays. Des projets qui n’avaient toujours pas vu le jour cinq ans après... La journaliste trouve un premier indice sur le lien entre “Le Loup de Wall Street” et le gouvernement malaisien dans le générique du film. En effet, l’un des noms affichés comme membre de la production est “Riza Aziz”, qui n’est autre que le fils, issu d’un premier mariage, de la Première dame.
Riza Aziz s'est lancé dans le cinéma à tout juste 30 ans. A l'époque, il n'a aucune expérience à Hollywood. Mais du jour au lendemain, il fonde sa propre société de production, Red Granite. Et pour commencer, il investit dans un projet de film avec Leonardo DiCaprio, à hauteur de pas moins de 100 millions de dollars. Le 12 janvier 2014, Leonardo DiCaprio monte sur la scène des Golden Globes, la cérémonie américaine qui réunit chaque année le gratin du cinéma et de la télévision. Ce jour-là, on lui décerne le prix du meilleur acteur pour son rôle dans “Le Loup de Wall Street”. Dans son discours de remerciement, l’acteur cite trois noms en plus de Martin Scorsese et de Joey McFarland : “Riz” et “Joe”. A l’époque, personne n’y prête attention et la séquence passe très vite.
Mais ces deux noms n’ont pas échappé à la journaliste Clare Brown. Elle comprend immédiatement que “Riz” n’est autre que Riza Aziz. Le “Joe” mentionné est Joe Low, le mystérieux financier qui gère discrètement le fonds 1MDB. “C'est à ce moment-là que j'ai commencé à faire le lien entre les deux histoires, entre les milliards disparus du fonds 1MDB d'un côté, et l'investissement à 100 millions de dollars pour le beau-fils du Premier ministre de Malaisie dans un film de l'autre”, explique Clare Brown dans “Dangereux Millions”. Riza Aziz aurait-il pu détourner des millions du fonds public créé par son beau-père pour lancer sa propre carrière ? C’est en tout cas ce dont devient convaincue la journaliste, qui commence à explorer cette piste…
Pour découvrir la suite de l’enquête sur le fonds 1MDB, retrouvez l’épisode 6 de “Dangereux Millions” sur votre plateforme d’écoute préférée.