Une fillette de six ans, dont la disparition en Seine-Maritime avait provoqué vendredi soir le déclenchement du dispositif "alerte-enlèvement", a été retrouvée morte, a annoncé tôt samedi le ministère de la Justice. "Le corps sans vie de Célya a été retrouvé. Sur décision du parquet de Rouen il a été mis fin à l'alerte enlèvement", a déclaré le ministère sur son compte X, sans plus de précisions.
L'homme soupçonné d'avoir enlevé puis tué Célya a été interpellé et placé en garde à vue, a appris l'AFP auprès de la gendarmerie. "Les gendarmes ont retrouvé et interpellé vers 6h00 le principal mis en cause", compagnon de la mère de l'enfant, "à proximité du lieu de découverte de sa voiture, dans un bois de Saint-Martin-de-l'If", a détaillé samedi la gendarmerie.
Le décès aurait été lié à un "fracas majeur à l'arrière du crâne", a annoncé le procureur de Rouen, Frédéric Teillet, lors d'une conférence de presse ce samedi. "Le médecin légiste (...) a pu procéder à un examen externe qui a mis en évidence des faits d'une extrême violence, un fracas majeur du crâne de l'enfant à l'arrière de la tête qui a très probablement causé son décès", a déclaré Frédéric Teillet.
Le suspect déjà incarcéré
Après le déclenchement d'un dispositif Alerte-enlèvement vendredi soir, un riverain a signalé la présence du véhicule du suspect près d'un bois où le corps de la fillette a été retrouvé. Vers 06H00, le suspect, en couple avec la mère de Célya depuis environ deux ans, a été interpellé "à quelques centaines de mètres de là", "toujours armé d'un couteau" mais l'homme s'est "laissé interpeller sans heurt", a ajouté le procureur.
Vendredi soir, le quadragénaire a pris de la cocaïne plusieurs fois dans la journée et s'en est pris, selon le récit de la mère rapporté par Frédéric Teillet, à la fillette pour une raison inexpliquée. "C'était comme un coup de folie", selon la mère, auditionnée dans la matinée à l'hôpital par les enquêteurs et qui a elle-même reçu des coups de couteau et présente "neuf plaies" sur le corps.
Actuellement en garde à vue, l'homme de 42 ans a été condamné à cinq reprises pour des infractions en lien avec les stupéfiants et déjà incarcéré, a précisé le magistrat. Il n'était, en revanche, pas connu pour des faits de violences et aucune plainte pour violences conjugales ou sur la fillette n'avait été déposée.
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Plus d'une centaine de gendarmes avaient été mobilisés vendredi soir en Seine-Maritime dans le cadre de ce dispositif "alerte-enlèvement". "Célya, âgée de 6 ans, de type européen, cheveux châtain foncé mi-longs, yeux marrons, portant une robe licorne de couleur noire, mesurant 1,10 m, a disparu de son domicile de Saint-Martin-de-l'If", à une vingtaine de km au nord-ouest de Rouen peu avant 18h00, indiquait le communiqué de l'alerte-enlèvement. "Elle est susceptible d'avoir été enlevée par le compagnon de sa mère : homme âgé de 42 ans, 1,80 m, corpulence très maigre, cheveux châtains, yeux bleus, circulant à bord d'une Golf bleu marine immatriculée 7189 WM 76", poursuivaient les gendarmes.
C'est la mère qui a appelé la gendarmerie vers 18h pour dire qu'elle venait de se faire agresser au couteau par son compagnon, a indiqué à l'AFP une source au sein de la gendarmerie. Elle disait avoir réussi à sortir de sa maison mais que son compagnon, qui n'est pas le père de l'enfant, s'y trouvait toujours avec la petite fille.
Troubles du comportement
Selon une source proche de l'enquête, la mère, dont on ignorait la gravité des blessures, a déclaré que son enfant avait aussi reçu des coups de couteau. À leur arrivée au domicile, les gendarmes avaient constaté qu'il était vide de tout occupant.
Plus d'une centaine de gendarmes ont été mobilisés de Seine-Maritime et des départements limitrophes, ainsi que des gendarmes mobiles, une équipe cynophile et un hélicoptère. Le couple n'avait pas été signalé pour des violences intrafamiliales. Mais selon la source proche de l'enquête, l'homme était connu de la justice ainsi que pour des troubles du comportement.
"C'est un petit village et c'est vrai qu'on a le cœur serré"
Dans le petit village, l'effroi domine les habitants après la découverte du corps sans vie de la petite Célya, six ans. Certains habitants sont même encore sous le choc : "C'est un petit village et c'est vrai qu'on a le cœur serré. Il ne se passe jamais rien ici. C'est dur, surtout que c'est une petite fille". Un habitant a lui vu la voiture du beau-père de la petite fille ce vendredi : "Je sortais de chez moi, j'ai vu une voiture sans faire gaffe. J'ai vu le monsieur qui passait devant moi, sans plus que ça. Quand j'ai vu les photos aux infos, j'ai dit oui, c'est lui".
Une commerçante témoigne également. Le conjoint de la mère de Célya était un client régulier de son commerce et il était présent ce vendredi : "Je suis vraiment choquée parce que c'est un client que j'avais tous les jours où tous les deux jours qui me paraissait bien sympathique, souriant. Je l'ai vu hier en début d'après-midi. Il m'avait l'air un peu stressé. Après je me suis dit qu'il a peut-être des problèmes ou qu'il était pressé. Il n'a pas du tout parlé hier".
Comment fonctionne le dispositif "alerte-enlèvement" ?
Adopté en France en février 2006, le dispositif "alerte-enlèvement" consiste à lancer une alerte massive en cas de rapt d'enfant mineur pour mobiliser la population dans la recherche de l'enfant et de son ravisseur. Il a été déclenché en France à une trentaine de reprises jusqu'à présent.
Il n'est activé que si plusieurs critères sont réunis : il faut un enlèvement avéré et pas une simple disparition, la victime doit être mineure, son intégrité physique ou sa vie doivent être en danger et des éléments d'information doivent permettre de la localiser.
Sa précédente activation remontait à janvier dernier, pour la disparition d'une petite fille d'un mois enlevée à l'hôpital de Meaux, en Seine-et-Marne, qui avait été rapidement retrouvée saine et sauve avec sa mère, en situation de grande précarité.