Cette énième sortie lui avait valu d’être suspendu du Front national. Après avoir été jugé en août 2015 par le bureau exécutif du parti, Jean-Marie Le Pen devra, cette fois, répondre de sa saillie devant les juges du tribunal correctionnel de Paris. Le président d’honneur déchu est jugé mercredi pour avoir répété ses propos sur les chambres à gaz, "détail" selon lui de l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. L'ancien président d'honneur du Front national est poursuivi pour contestation de crime contre l'Humanité. Il entend soulever son immunité de parlementaire européen, avait indiqué en septembre dernier son avocat, Me François Wagner.
"Les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire". Immigration, chambre à gaz, antisémitisme, Roms… les sempiternels dérapages de Jean-Marie Le Pen ont émaillé sa vie politique. Celui qui lui a valu sa suspension du parti - annulée depuis par la justice - intervient le 2 avril. Au journaliste Jean-Jacques Bourdin, qui lui demandait s'il regrette d'avoir qualifié les chambres à gaz de détail, Jean-Marie Le Pen persiste et signe. "Pas du tout. Ce que j'ai dit correspondait à ma pensée que les chambres à gaz étaient un détail de l'histoire de la guerre, à moins d'admettre que ce soit la guerre qui soit un détail des chambres à gaz", s’était expliqué l’octogénaire sur un ton provoquant.
Le journaliste l'avait alors relancé, demandant si "des millions de morts" pouvaient être qualifiés de "point de détail". "C'est pas un million de morts, c'est les chambres à gaz", "Moi je parle de choses précises. Je n'ai pas parlé de nombre de morts. J'ai parlé d'un système. J'ai dit que c'était un détail de l'histoire de la guerre", avait répondu l’ancien président d’honneur du FN, déjà condamné à deux reprises pour avoir banalisé les persécutions nazies.
Moins d’une semaine plus tard, Jean-Marie Le Pen remet une pièce dans la machine en témoignant sa clémence envers le Maréchal Pétain, dans une interview accordée au journal d’extrême droite Rivarol. "Je n’ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître. […] Je considère que l’on a été très sévère avec lui à la Libération", peut-on lire dans les colonnes du journal.
Banaliser les persécutions nazies, une marotte. Mais les sorties pernicieuses de Jean-Marie Le Pen n’ont rien de nouveau. La première portant sur les chambres à gaz remonte au 13 septembre 1987. A l’époque, il avait déclaré : "Je n'ai pas spécialement étudié la question, mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale". La justice l'avait condamné en 1991 à 1,2 million de francs d'amende, soit 183.200 euros, pour avoir banalisé les persécutions nazies. Il avait réitéré ces propos en 1997 en Allemagne, en 2008 au magazine "Bretons", en mars 2009 au Parlement européen.
Des conséquences politiques. Mais cette fois, sa sortie passe mal : depuis qu’elle a pris la tête du parti en janvier 2011, Marine Le Pen a amorcé une démarche de dédiabolisation que son père ne cesse de mettre en branle. Logiquement, et comme les autres cadres du parti, elle condamne donc les propos de son père. Puis poursuit son projet de dédiabolisation, en allant jusqu’à exclure son propre père du parti qu’il a longtemps incarné.