Le renfort conséquent du plan Vigipirate de l'après-Charlie ne s'est pas fait sans frais. Chez les CRS ce lourd investissement en termes d'effectif et de temps de travail s'est traduit par un long mouvement de grogne. Dans le but de mettre fin à cette fronde, le gouvernement et des syndicats de policiers ont conclu samedi un protocole d'accord sur les indemnités des forces mobiles. Cet acte doit être officiellement signé lundi
Arrêts maladie en série. Depuis les attentats de janvier, CRS et gendarmes font l'objet d'une mobilisation sans précédent, qui entraîne aussi d'importants surcoûts budgétaires. A plusieurs reprises, des compagnies entières de CRS se sont mises collectivement en arrêt maladie. Le but : manifester leur grogne contre les effets du plan Vigipirate, qui les "épuise", et pour demander une revalorisation de l'indemnité journalière d'absence temporaire (IJAT), destinée notamment à compenser l'absence du foyer familial. Vendredi, plus de 80 policiers de deux compagnies de CRS se sont faits "porter pâles", alors qu'ils devaient assurer la sécurité du déplacement de François Hollande à Nantes.
Une revalorisation progressive de 30 %. Le protocole d'accord prévoit "une augmentation exceptionnelle de l'IJAT perçue par les CRS et les gendarmes mobiles en déplacement, selon un calendrier pluriannuel", a annoncé Bernard Cazeneuve, dans un communiqué. "Le taux de l'IJAT servie en métropole, inchangé depuis 2002 (30 euros), sera porté à 33 euros au 1er juillet prochain, puis à 35 et 39 euros au 1er janvier des années 2016 et 2017, soit une revalorisation sans précédent de 30% du taux en vigueur", ajoute le ministre de l'Intérieur. Le ministère avait engagé des concertations avec les syndicats il y a deux mois pour déterminer les modalités de cette revalorisation.
"Depuis plusieurs mois, les forces mobiles de la police et de la gendarmerie nationales (les CRS et les escadrons de gendarmerie mobile) sont soumises à un rythme d'emploi très élevé du fait d'une actualité dense", souligne le ministre. Bernard Cazeneuve cite ainsi notamment "les gardes et surveillances des points sensibles induites par une menace terroriste élevée" et "la gestion des flux migratoires en provenance de la Méditerranée centrale". Le ministère avait engagé des concertations avec les syndicats il y a deux mois, pour déterminer les modalités d'une revalorisation de l'IJAT.
"Une avancée historique" pour les syndicats… "Avec cette revalorisation de l'IJAT, c'est une avancée historique pour les CRS que nous obtenons ce jour", ont déclaré Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa Police, et Henri Martini, secrétaire général d'Unité SGP Police, dans un communiqué commun. Les deux syndicalistes se sont félicités d'une "véritable reconnaissance du ministère de l'Intérieur de l'engagement indéfectible de nos collègues CRS" et ils ont salué "l'implication personnelle du ministre de l'Intérieur".
…Sauf pour Alliance. Alliance, premier syndicat chez les gardiens de la paix, n'est pas signataire de l'accord. Il a de son côté appelé au rassemblement des policiers mercredi devant les commissariats pour dénoncer plus largement l'expérimentation de nouveaux cycles de travail et de nouvelles règles d'évolution de carrière.