François Hollande a rendu un hommage national mardi, en présence d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, à Xavier Jugelé, le policier tué jeudi lors de l'attentat sur les Champs-Élysées. Une cérémonie grave, solennelle et particulièrement émouvante, notamment marquée par le discours très fort du compagnon de Xavier Jugelé.
Les principales informations à retenir
- François Hollande a salué le courage de Xavier Jugelé.
- Son conjoint a rendu hommage à l'homme de culture et de paix qu'il était.
- Xavier Jugelé a été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
La dignité du conjoint de Xavier Jugelé. L'hommage a débuté à 11 heures dans la cour de la préfecture de police de Paris. François Hollande, le Premier ministre Bernard Cazeneuve et le ministre de l'Intérieur Mathias Fekl ont passé en revue les troupes, et notamment la 32ème compagnie de direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police de Paris, à laquelle appartenait le capitaine Xavier Jugelé. Après le respect d'une minute de silence, le cercueil du policier est arrivé au centre de la cour, porté par des policiers.
Etienne Cardiles, le conjoint de Xavier Jugelé, a ensuite pris la parole. Il a raconté, avec émotion et dignité, ses derniers instants aux côtés de son compagnon, et la passion de ce dernier pour son métier de policier. "Je souffre sans haine (…) Vous n'aurez pas ma haine", assure-t-il, empruntant l'expression à Antoine Leiris, qui a perdu sa compagne lors de l'attentat du 13-Novembre. "Cette haine, je ne l'ai pas, elle ne te ressemble pas, ne correspond en rien à ce qui faisait battre ton cœur", s'est ému Etienne Cardiles.
Cinéma, musique, théâtre, voyages… Etienne Cardiles évoque "cette vie de joie" et de culture qu'ils partageaient. "Je t'aime. Tu vas rester dans mon cœur pour toujours. Restons tous dignes et gardons la paix, a-t-il demandé.
François Hollande salue le courage de Xavier Jugelé. "La France a perdu l'un de ses fils, l'un des plus braves. La République a perdu un de ses gardiens les plus valeureux", a déclaré François Hollande. Dans son discours, le chef de l'Etat a rendu hommage à tous les policiers et les gendarmes, qui assurent au quotidien la sécurité des Français. "Vous êtes les remparts de notre démocratie (…) Votre chagrin est celui de toute la nation", a-t-il dit. Rappelant le lourd tribut payé par les policiers et les gendarmes dans le contexte terroriste que connaît la France depuis deux ans et demi, le chef de l'Etat a demandé aux Français de "soutenir les forces de sécurité".
Après son discours, François Hollande a remis à Xavier Jugelé l'insigne de chevalier de la Légion d'honneur. Le cercueil a ensuite quitté la cour de la préfecture de police, au son de la marche funèbre de Chopin.
Crédit photo : Bertrand GUAY/AFP
En présence des deux candidats qualifiés pour le second tour. Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour de l'élection présidentielle, est arrivée vers 10h35, accompagnée de Gilbert Collard. Quelques instants plus tard, Emmanuel Macron a lui aussi pris place dans les rangs très fournis des officiels. L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, et les anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin et Manuel Valls, ainsi que le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, étaient également présents.
Rassemblement de policiers sur le parvis de Notre-Dame. Pendant la cérémonie à la préfecture, des syndicats de police ont appelé leurs collègues à un rassemblement hommage sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame juste en face. Plusieurs centaines d'entre eux étaient présents, tout comme des anonymes venus rendre hommage aux policiers et aux gendarmes, "ces héros du quotidien" comme les a qualifiés le chef de l'Etat dans son discours.
À l'extérieur de la préfecture, de nombreux policiers en civils assistent à la cérémonie d'#HommageNational en l'honneur de #XavierJugelepic.twitter.com/nqAwLcPfIM
— Marguerite Lefebvre (@MargueriteLef) 25 avril 2017
Une attaque revendiquée par l'État islamique. Xavier Jugelé, 37 ans, a été tué jeudi de deux balles dans la tête par Karim C., qui a blessé deux autres policiers, dont l'un grièvement, ainsi qu'une touriste allemande, avant d'être abattu. L'attentat avait bouleversé la fin de la campagne trois jours avant le premier tour de la présidentielle.
L'assaillant, bien connu de la police et de la justice pour son intention de tuer les forces de l'ordre, tire à nouveau vers les policiers qui ripostent et l'abattent. L'attaque a été presque aussitôt revendiquée par l'EI, à l'origine de la plupart des attentats qui ont fait 238 autre morts depuis 2015 en France. Mais cette revendication intrigue, l'EI ayant donné une identité du tueur, "Abu Yussef le Belge", qui semble différer de celle de Karim C.