Les pompiers sont à la recherche d'un médecin porté disparu après l'effondrement samedi matin de deux petits immeubles mitoyens dans une rue commerçante en plein centre de Lille, dont la plupart des habitants ont pu être évacués grâce à l'alerte lancée par l'un d'eux dans la nuit. Plusieurs responsables politiques avaient initialement indiqué qu'il n'y avait "a priori" pas de victimes, avant que les pompiers annoncent être à la recherche de cette "victime potentielle".
Un médecin porté disparu
"On est quasiment sûrs que cette personne se trouve dans les gravats", a indiqué le lieutenant-colonel Stéphane Beauventre. "Son téléphone ne répond pas, sa voiture est dans le parking, (...) et il n'a pas pris son astreinte." "On concentre tous nos efforts à (...) extraire à la main les gravats pour accéder à cette victime", a-t-il ajouté.
Une autre personne, légèrement blessée, a été extraite des décombres, a indiqué le service départemental d'incendie et secours du Nord. Le parquet de Lille a indiqué à l'AFP avoir ouvert une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui" et diligenté "une expertise judiciaire". Un immeuble de trois étages en travaux s'est écroulé vers 9H15, entraînant le bâtiment voisin dans sa chute, dans la rue Pierre-Mauroy, une rue très passante de la ville, une heure avant l'ouverture des magasins.
Un jeune homme a permis l'évacuation dans la nuit
Selon la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, présente sur place, une dizaine de personnes avaient été évacuées quelques heures avant l'effondrement. "Un jeune est rentré à 3h00 du matin et il s'est rendu compte que le mur (du bâtiment) était gondolé" et la porte ouverte, a-t-elle indiqué. Il a alors prévenu la police municipale et les pompiers, qui ont décidé d'évacuer un bâtiment, l'autre semblant vide, estimant "qu'il y avait un vrai risque". "Je ne dormais pas encore quand les pompiers ont commencé à tambouriner sur les portes, mais j'ai cru que c'était des fêtards et je suis resté au lit", a raconté à l'AFP un habitant, Benjamin Lopard, 35 ans.
"Quand les policiers sont arrivés, j'ai réalisé que c'était sérieux", indique le jeune homme, qui est parti vers 5h30 avec ses papiers, son ordinateur et une tenue de rechange. "Je réalise maintenant la chance incroyable qu'on a eue", dit-il : sans cette évacuation "on serait tous dans des boîtes en bois". "J'en tremble encore, car si cette nuit ce monsieur n'était pas rentré à 3h00 du matin et ne nous avait pas joints (...) il y aurait des morts", a déclaré la maire de Lille, avant l'annonce qu'un riverain était porté disparu. Elle a précisé avoir pris "un arrêté de péril imminent".
Lille : un immeuble s’effondre soudainement en centre-ville, on ne sait pas s’il y a des blessés https://t.co/eT09O9YP8Zpic.twitter.com/VoldNeIZVE
— VDN Lille (@VDNLille) November 12, 2022
"Pas d'insalubrité"
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a également remercié "l'étudiant qui a, cette nuit, donné l'alerte". Les bâtiments avoisinants ont été évacués samedi matin "par précaution". Les pompiers à pied d'œuvre évoluaient avec précaution samedi après-midi dans les gravats, un mélange poussiéreux de briques et de poutrelles en métal, restes d'un échafaudage sur la façade du bâtiment. "Ce n'était pas un immeuble frappé d'insalubrité", a affirmé à l'AFP le ministre délégué au Logement, Olivier Klein.
Le périmètre était sécurisé par de nombreux policiers. Des pompiers ont forcé des portes de magasins au pied des immeubles voisins afin de vérifier la présence d'éventuelles fissures mettant en péril les bâtiments ou de fuites de gaz. "On a entendu un bruit de quelques secondes, tout doucement au début. On a pensé que c'était l'échafaudage qui tombait", a raconté à l'AFP Ludovic Ficher, 30 ans, qui travaille dans un immeuble mitoyen. "Quand on s'est rendu compte que c'était tout l'immeuble qui était en train de s'effondrer, on est tous partis en courant", a-t-il ajouté. "J'ai eu la peur de ma vie."
Le député insoumis de la circonscription Adrien Quatennens, en retrait de la vie publique depuis l'ouverture d'une enquête le visant sur des violences conjugales, a commenté l'incident dans un tweet, saluant "la réactivité de celui qui a donné l'alerte".