Jacqueline Veyrac aurait pu céder à la panique quand, lundi 24 octobre, elle s'est retrouvée ligotée à l’arrière d’un Kangoo, quelques instants après avoir été enlevée par plusieurs individus cagoulés dans une rue de Nice, en plein jour. Mais à 76 ans, cette riche hôtelière a fait preuve d'un sang-froid impressionnant, comme le laisse apparaître son récit fait aux enquêteurs après sa libération, rapporté par Le Parisien jeudi.
Rester lucide à tout prix. Jetée sur un matelas crasseux posé à l'arrière de la fourgonnette blanche, Jacqueline Veyrac est bâillonnée, les yeux bandés avec du ruban adhésif. Ses ravisseurs lui attachent les mains "avec des serre-joints en plastique", raconte-t-elle. Tout se passe très vite mais Jacqueline Veyrac prend sur elle, se mobilise pour rester lucide à chaque instant afin de capter les moindres petits détails qui aideront les enquêteurs, une fois libérée. Ainsi, elle sera capable de minuter les différentes étapes de sa séquestration : le temps de route, les pauses interminables… "Elle a subi un calvaire et nous avons tous été admiratifs qu'elle soit capable de donner avec calme et précision des indications précieuses", avait d’ailleurs salué le procureur de Nice le 30 octobre, quelques jours après sa libération.
Déterminée à se libérer. En dépit de ces conditions dégradantes, la millionnaire ne se laisse pas faire. Elle se débat, donne des coups dans la carrosserie du Kangoo, cherche à défaire ses liens. Par deux fois, elle y parvient mais ses ravisseurs s’en aperçoivent et les resserrent, encore et encore. A tel point qu’au moment de sa libération, 48 heures plus tard, la septuagénaire souffre de profondes entailles aux poignets.
Ses ravisseurs refusent de la laisser aller aux toilettes mais tentent de la forcer à manger. Jacqueline Veyrac refuse et tient bon. Ce qui n’est pas sans échauder les kidnappeurs, avec qui elle n’aura pourtant presque aucun échange verbal. Pour plus de discrétion, ils accrochent une couverture entre l’habitacle et le coffre où est ligotée Jacqueline Veyrac.
A l'affût. La fourgonnette continue à rouler, alternant les courts trajets et les longues pauses. Les heures passent, elle est désormais garée dans les collines de Nice-Ouest. Deux jours après son enlèvement, la septuagénaire est épuisée mais garde en tête son objectif : trouver un moyen de sortir de ce coffre, et donner l'alerte. C'est alors qu'elle entend un promeneur approcher. Profitant de l'absence de ses ravisseurs dans le véhicule, la riche veuve tambourine comme elle le peut contre la carrosserie et parvient à faire tomber la couverture. Le marcheur, déjà interloqué par cette drôle de fourgonnette à la plaque d'immatriculation partiellement décrochée, s'approche et aperçoit la vieille dame entravée sur le plancher. L'instant d'après, Jacqueline Veyrac est enfin libre. Saine et sauve.