Quatre personnes ont été mises en examen en Moselle, et 150.000 euros en fausses coupures ont été saisis à Naples, après le démantèlement d'un important trafic franco-italien de faux billets, a annoncé mardi le procureur de la République à Nancy, François Pérain. L'opération de police judiciaire, déclenchée le 16 octobre, a mené à l'arrestation du principal suspect, un Mosellan achetant régulièrement des fausses coupures de 100, 50 et 20 euros à Naples, qu'il écoulait par la suite en France à l'aide de complices.
12 personnes inquiétées par la justice. "Les enquêteurs évaluent à 2.000 les fausses coupures écoulées par le biais de la filière française", basée en Moselle et dans le Puy-de-Dôme, a expliqué François Pérain, lors d'une conférence de presse. Quatre personnes ont été mises en examen en France, dont trois placées en détention provisoire et une placée sous contrôle judiciaire. En Italie, huit individus ont été présentés devant un juge et un atelier de fausses monnaies a été découvert au domicile du père de l'un d'entre eux, à Naples. Les carabiniers ont également saisi 150.000 euros en fausses coupures.
Coordination franco-italienne inédite. L'enquête, menée par la SRPJ de Nancy sous l'autorité de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), avait débuté en février 2018 à la suite d'informations communiquées par les autorités italiennes. La Banque de France avait également noté une recrudescence de fausses coupures de 100 euros en Moselle et Meurthe-et-Moselle. Pour faciliter la coordination des opérations, les agents italiens et français ont formé une équipe commune d'enquête (ECE), "une première entre les deux pays", s'est félicité François Pérain. "Europol a indiqué qu'il s'agissait de l'opération la plus significative de l'année 2018 menée dans le cadre de la lutte contre la contrefaçon de billets", a souligné le procureur.
La France, pays européen le plus touché par le faux-monnayage. "La France est le pays européen le plus touché par la fausse monnaie (plus du tiers des faux billets saisis en Europe, ndlr) et l'Italie est le principal producteur de fausse monnaie (80 à 90% des faux billets émis en Europe)", explique à Europe 1 le commissaire Eric Bertrand, chef de l'Office central pour la répression du faux-monnayage. "Depuis novembre 2013, plus de 37.000 faux-billets fabriqués par cette officine se sont retrouvés dans des banques, dont 15.500 en France. Sur les seuls faux billets de 100 euros, le préjudice approche les 4 millions d'euros", précise-t-il.