C'est l'une des plus grandes organisations criminelles d'Europe qui vient d'être frappée à son sommet. On les appelle "les voleurs dans la loi", un groupe de clans très organisés, originaires de Géorgie, et spécialisés dans les cambriolages. Après un an et demi d'enquête, une vingtaine de suspects ont été interpellés cette semaine en France et en Grèce, dont l'un des chefs de cette mafia qui vivait grand train. Pour les enquêteurs, tout est parti de Normandie.
Une mafia pyramidale. Ce sont des petits larcins qui ont fini par attirer l'attention des forces de l'ordre : des lames de rasoirs ou une bouteille d'alcool raflées dans une supérette, parfois même une télévision embarquée après un cambriolage express chez un particulier. Mais à la longue, de Cherbourg à Rouen, en passant par Caen et Alençon, le phénomène a fini par préoccuper les gendarmes. D'abord par le nombre - peut-être un millier de vols de ce type -, mais aussi par le profil des suspects : des Géorgiens, petites mains apparentes d'une organisation criminelle bien connue en Europe de l'Est, les Vory V Zakone, "les voleurs dans la loi", une émanation mafieuse de l'ex-URSS, régie par ses propres codes et dont les membres sont reconnaissables à leur tatouage, synonymes de leur rang dans cette mafia pyramidale.
Un parrain au train de vie dispendieux. Les gendarmes de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante ont suivi l'argent issu des vols jusqu'en Grèce où atterrissait cette "obschak", la dîme que les voleurs doivent à leur grand chef. En l'occurrence Lasha Shushanashvili, un homme de 57 ans, toujours flanqué de ses gardes du corps armés, au train de vie de nabab, et capable de dépenser 20.000 euros lors d'un séjour dans un hôtel. Lundi, à Thessalonique, la police grecque a interpellé ce parrain emblématique. L’an dernier, cette criminalité lui aurait rapporté plusieurs centaines de milliers d’euros. La justice française attend désormais son transfert.
Treize détentions en France. En France, ce sont 14 personnes, dont quatre femmes, qui ont été mises en examen jeudi par un juge d’instruction de la Juridiction inter-régionale spécialisée de Rennes. Parmi ces mis en cause, 13 ont été placées en détention provisoire. Y figure notamment le rappeur Kabu, bien connu en Géorgie. Le démantèlement de cette filière criminelle montre ainsi que "ce sont les ruisseaux qui font les grandes rivières", selon la formule utilisée par les enquêteurs et les magistrats.