En l'espace d'une semaine, l'hôpital de la Timone, à Marseille, a été le théâtre de deux violentes agressions. Deux infirmiers, en poste aux urgences de l'établissement, ont été attaqués par des patients. Dans la nuit du 5 au 6 août dernier, une de ces deux agressions s'est déroulée lors d'une nuit relativement calme. Europe 1 a rencontré l'infirmière, encore choquée par ce déchaînement de violences.
Une nuit relativement calme. L'agression a eu lieu lors d'une nuit qui s’annonçait sans histoire à l'hôpital de la Timone. Ce soir-là, l'attente aux urgences ne dépassait pas les 45 minutes, soit cinq fois moins que lors du reste de l'année. Une jeune femme, qui souffrait de blessures superficielles après un banal accident de la route, ne l'a pourtant pas supporté. En un instant, la patiente s'en est subitement prise à une jeune infirmière.
Des coups au sol et des menaces de mort. Parissa, 29 ans, est violemment agressée alors qu'elle effectuait sa nuit de garde. La patiente lui assène des coups au sol et lui profère des menaces de morts pendant dix longues minutes. "J'ai reçu des coups qui ont fusé de tous les côtés, des coups de pied, des coups de poing. Je me suis retrouvé par terre, j'ai failli taper la tête contre le meuble du lavabo, elle m'a arraché une touffe de cheveux", raconte l'infirmière.
"Les insultes, c'est notre quotidien". "Le temps que les collègues arrivent, ce fut une éternité. Je ne m'y attendais pas du tout. Les violences verbales, les menaces de mort, les insultes c'est notre quotidien. Aux urgences publiques de Marseille ce sont nos conditions de travail", déplore Parissa. Une seconde agression a eu lieu une semaine plus tard, toujours à la Timone. Un infirmier de nuit a lui été "mordu à pleines dents par la petite-fille d'une patiente", raconte La Provence.
La direction des hôpitaux de Marseille assure de son côté travailler en lien avec les services de police et de justice. Les deux agresseurs ont été respectivement condamnés à un an et quatre mois de prison ferme.
Faut-il des policiers aux urgences ? Toutes les nuits, les policiers de la BAC effectuent des rondes dans les quatre services d'urgences de Marseille. Parissa a été agressée entre deux patrouilles. Malgré sa convalescence, la jeune femme ne croit pas à une solution aussi radicale que travailler entourée de policiers. "Nous sommes dans un lieu de soins : avoir la police constamment aux urgences, ce n'est pas normal", assure la jeune femme. Côté syndicats, on s'oppose aussi à une telle idée. "Ce qui nous importe, c'est avoir le personnel nécessaire pour faire face", dit à Europe 1 Danielle Ceccaldi, secrétaire générale CGT AP-HM, qui voit dans cette montée de la violence à l’hôpital une répercussion de la tension de la société. Pour la direction de l’hôpital, la priorité est d'obtenir des rondes plus nombreuses.