Huit mois de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende ont été requis, vendredi, contre le président du consistoire israélite de Marseille jugé pour modification d'une scène de crime le 8 novembre 2007 dans une zone commerciale.
L'accusé aurait prélevé 346.360 euros.Sylvain "Zvi" Ammar, PDG d'International Sport Fashion (ISF), une société de vente en gros d'articles de sport, a bien, selon le procureur Eric Emmanuelidis, prélevé une somme de 346.360 euros, présente dans le véhicule où venait d'être abattu Olivier Plançon, directeur commercial du principal fournisseur d'ISF, qui sortait d'une matinée de négociations commerciales. Zvi Ammar dément tout versement d'une telle somme en espèces, affirmant n'avoir réglé son fournisseur qu'à l'aide de cinq traites.
La modification d'une scène de crime. Selon l'accusation, ce règlement en liquide "peut ressembler à une remise de fonds occulte" destinée à alimenter des "caisses noires". "Pourquoi avoir prélevé cette somme ? Il s'agissait de faire échapper aux constatations des enquêteurs cet élément qui participe de la scène de crime et qui contribue à la manifestation de la vérité". Zvi Ammar "n'ignore pas ce qu'il fait à ce moment-là, il prend ses responsabilités" a soutenu le procureur. "Tout le monde sait que lorsqu'il y a un crime, on ne touche à rien".
"D'un commun accord" avec le collaborateur de la victime. Le prévenu soutient avoir aidé Simon Roques, collaborateur de la victime présent dans le véhicule au moment du tir, à "mettre à l'abri trois sacs dans un moment d'affolement". Si, selon le procureur, c'est "d'un commun accord" que les deux hommes ont décidé de prélever ces sacs, le magistrat estime ne pas pouvoir démontrer que la soustraction de la somme dans un des sacs a été décidée entre eux. Il a donc fait le choix de "ne pas soutenir l'accusation" contre Simon Roques, regrettant que "si celui-ci avait dit la vérité, nous n'en serions pas là".
Une tentative de blanchiment. Une peine de trois mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende a été réclamée contre Simon Ammar, frère jumeau de Zvi Ammar et cadre d'ISF. Celui-ci avait, dans les jours suivant le meurtre, déposé sur les comptes de la société une somme en espèces de 346.360 euros. "Cette somme récupérée commence à brûler les mains alors on fait revenir l'argent dans le circuit, on le régularise et on rattrape le coup avec des factures de déstockage", a estimé le procureur.
Des enquêteurs détournés de la piste professionnelle. Les avocats de l'épouse et des parents d'Olivier Plançon ont également soutenu que les prévenus avaient tenté d'égarer les enquêteurs de la piste professionnelle et de ces transferts de fonds occultes dont la victime s'était largement ouverte auprès de ses proches. "Si l'on touche à la scène de crime", a plaidé Me Patrick Maisonneuve, défenseur de l'épouse de la victime, "c'est qu'on ne veut qu'en aucune manière les enquêteurs ne s'approchent de ces sommes". Les avocats des trois prévenus devaient plaider leur relaxe.