Une hôtesse de l’air tunisienne, trois salariés d’une société de nettoyage de l’aéroport Marseille-Provence ainsi que l’un de leurs anciens collègues ont comparu mercredi après-midi devant le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour un vaste trafic de cigarettes qui durait depuis plusieurs mois, selon les enquêteurs. Les cinq prévenus ont été interpellés dimanche et placés en garde à vue par les services des douanes dans le cadre d’une enquête préliminaire. En marge du coup de filet, 200 cartouches de cigarettes qui auraient été détournées par les suspects ont été saisies.
Sans carte d’embarquement mais avec de sérieux soupçons, les douaniers de l’aéroport de Marseille sont montés à bord d’un avion de la compagnie Tunisair dimanche pour mettre fin à ce trafic d’ampleur. Alors que tous les passagers avaient quitté l’appareil, les enquêteurs ont interpellé deux hôtesses et un steward, ainsi que quatre autres personnes travaillant ou ayant travaillé pour une société de nettoyage à l’aéroport. À l’issue des interrogatoires, le steward et l’une des hôtesses ont été mis hors de cause. En revanche, leur collègue a reconnu être impliquée dans ce trafic, tout en assurant qu’elle ne serait "pas la seule" à en avoir tiré profit.
Lancées par la porte arrière de l’avion
La technique des suspects était simple : à chaque rotation à Marseille, une fois les passagers débarqués, l’une des hôtesses prenait des dizaines de cartouches de cigarettes normalement vendues à bord en duty free. Elle les glissait dans un grand sac et les lançait sur le tarmac depuis la porte arrière de l’appareil. Aussitôt récupérées par des complices, employés d’une entreprise de nettoyage, les cartouches étaient ensuite vendues sous le manteau à Marseille ou par le biais d’annonces sur des messageries cryptées. Avec ce juteux trafic, certains suspects parvenaient à doubler leur salaire, engrangeant 1.200 à 1.500 euros de bénéfice par mois, selon les informations recueillies par Europe 1. L’un d’eux s’était offert un scooter neuf payé 7.000 euros en espèces.
Quant à l’hôtesse de l’air mise en cause, elle aurait doublement bénéficié de la combine. D’un côté, elle aurait encaissé une marge sur le prix des cartouches de cigarettes qu’elle vendait aux autres suspects et de l’autre, elle aurait comptabilisé ces cartouches comme ayant été légalement vendues en vol. Elle bénéficiait donc d’une commission de 1% sur les montants des produits vendus en duty free.
Une lourde amende douanière encourue
Les investigations des douaniers, des surveillances aux écoutes téléphoniques, montrent que ce trafic durait depuis plusieurs mois.
Les deux principaux prévenus ont été condamnés par le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence à deux ans de prison avec sursis. Les trois autres, dont l'hôtesse de la compagnie Tunisair, ont écopé de 18 mois de prison avec sursis. Par ailleurs, ils devront tous les cinq s'acquitter solidairement d'une amende douanière de 300.000 euros.