Une synagogue du centre de Marseille, de moins en moins utilisée par la communauté juive dont la population a diminué dans ce quartier, va être vendue à une association cultuelle musulmane et devrait devenir une mosquée, a indiqué le président du consistoire de Marseille Zvi Ammar. "Il s'agit d'un lieu de culte privé, une synagogue construite lors de l'arrivée des juifs d'Algérie en 1962", a expliqué mardi Zvi Ammar, confirmant une information de La Provence.
"Nous avons tous le même dieu". Selon le journal, cette synagogue, Or Thora, située rue Saint Dominique près de la gare Saint-Charles, a déjà fait l'objet d'un compromis de vente - signé pour 400.000 euros - au profit de l'association Al Badr, qui gère une petite mosquée voisine. "Aujourd'hui, nous constatons depuis une vingtaine d'années un transfert de la population juive vers d'autres quartiers", plus périphériques, souligne Zvi Ammar, qui envisage "positivement" cette vente. "Nous avons tous le même dieu, l'essentiel est que tout ça se passe en bonne harmonie. Il faut que ces mots-là prennent toute leur signification", ajoute-t-il.
Le nombre de synagogues a doublé en 30 ans. "Evidemment, pour ceux qui ont connu cette synagogue (...), il peut y avoir un peu de nostalgie", concède-t-il, mais "il faut aller de l'avant". Il souligne également le "dynamisme" de la communauté juive avec un nombre de synagogues qui "a presque doublé en une trentaine d'années", passant de 32 à 58 dans la ville. Selon la Provence, Or Thora peut accueillir environ 250 fidèles. La cité phocéenne rassemble quelque 70.000 juifs, - une des plus importantes communautés de France et d'Europe -, et 220.000 musulmans, dont 70.000 pratiquants.
"Il y a des prêches antisémites dans certaines mosquées". La présidente du Crif Marseille-Provence, Michèle Teboul, estime que la salle de prière ne doit pas devenir un lieu "de prêches antisémites" : "Nous savons qu'il y a des mosquées à Marseille qui ne sont pas bienveillantes à l'égard de la communauté juive. Ca serait quand même un comble que, dans une mosquée qui a été précédemment une synagogue où justement on prêche la parole d'amitié et de fraternité, il puisse se dire des paroles antisémites", a-t-elle déclaré mardi au micro d'Europe 1. Les services de la Préfecture ont assuré que la future mosquée sera surveillée de près.