Au deuxième jour du procès des parents du petit Bastien devant les assises de Seine-et-Marne, ce sont les services sociaux qui devront s'expliquer mercredi. La famille de la mère avait, à plusieurs reprises, tenté de les alerter sur le danger qu'encourait le petit garçon auprès de son père violent. L'enfant de trois ans est mort le 25 février 2011. Son père est accusé de l'avoir tué en le mettant dans la machine à laver pour le punir à cause de ses "bêtises à l'école".
Pas de traces de violences physiques. C'est un sentiment d'impuissance qui domine parmi les proches de Charlène Cotte, la mère de Bastien, jugée pour complicité dans ce dossier. Ils en veulent terriblement aux services sociaux. Ils ont en effet tenté à plusieurs reprises de sauver le petit garçon en demandant son placement, ou, plus maladroitement, en s'en prenant physiquement au père de Bastien. Mais à chaque fois, les portes sont restées closes : on ne les a pas écoutés car les services n'avaient pas détecté de traces de violences physiques sur le garçonnet.
"Il est plus facile de reconnaître les coups que le rejet". Une erreur d'appréciation sur le risque encouru que dénonce au micro d'Europe 1 la pédiatre Anne Tursz, spécialiste de l'enfance maltraitée. "Ce que l'on n'a pas vu, ce que l'on n'a pas compris, c'est la gravité de la situation. Il fallait retirer cet enfant qui était en danger de mort", estime-t-elle avant d'admettre toutefois qu'il "est plus facile de reconnaître les coups, les fractures, plutôt que les humiliations, le rejet, ces choses qui sont beaucoup plus intangibles et plus difficiles à palper".
Au total, il y a eu près de dix signalements. Mais ceux-ci portaient par exemple sur l'hygiène de Bastien à l'école. Ou encore sur son délaissement lorsqu'on l'a vu seul, errant dans l'immeuble de ses parents. Des signaux sous-estimés par les services sociaux et qui devront répondre pendant ce procès à la colère et au chagrin des proches qui ont lancé l'alerte.