Jugé en appel à Rennes depuis près de deux semaines, Tony Meilhon a été reconnu coupable lundi de l'enlèvement, la séquestration et du meurtre de Lætitia Perrais en janvier 2011. L'homme a été condamné une nouvelle fois à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Mais, contrairement à la condamnation en première instance, la cour n'a pas assorti cette peine d'une mesure de rétention de sûreté. Une nuance qui a "satisfait" l'accusé, selon son avocat.
Immédiatement après l'annonce de cet arrêt, Tony Meilhon a souri à plusieurs reprises en s'entretenant dans le box des accusés de longues minutes avec ses avocats.
Une mesure au cœur de la procédure d'appel. La mesure de rétention de sûreté prononcée en première instance avait précisément motivé l'appel de Tony Meilhon. Rarement utilisée, elle permet de placer dans un centre socio-médico-judiciaire de sûreté des prisonniers jugés encore dangereux à l'issue de leur peine. Tony Meilhon avait en revanche lui-même réclamé la perpétuité pour le meurtre dès son premier procès.
Pas de pourvoi en cassation, "le dossier est fini aujourd'hui". "Dès le début, j'avais dit que la rétention de sûreté me paraissait inéquitable et injuste", a réagi son avocat, Me Fathi Benbrahim, qui avait demandé aux jurés, durant sa plaidoirie, de faire preuve de "compassion" à l'égard de son client. "La mort de Lætitia mérite peut-être la perpétuité", avait-il lâché. "Mais devez-vous aller au-delà?", avait demandé l'avocat après avoir rappelé "la trajectoire de souffrance" de son client. Compte-tenu de la décision de la cour, Tony Meilhon "ne va pas se pourvoir en cassation", comme il avait menacé de le faire en prenant la parole à l'issue des débats, a affirmé Me Benbrahim. En conclusion, "le dossier est fini aujourd'hui", a-t-il assuré.
"Ma fille repose en paix une fois pour toutes". Le père de Lætitia, Franck Perrais, a confié être "content, satisfait : on pouvait pas aller au-delà. Ma fille repose en paix une fois pour toutes". La sœur jumelle de la victime, Jessica, sa mère et son parrain sont discrètement sortis de la salle d'audience en évitant les médias. Jessica "est soulagée que ce soit la fin d'une histoire judiciaire", a indiqué son avocate, Cécile de Oliveira, prenant la précaution d'ajouter : "j'espère qu'effectivement, Tony Meilhon ne va pas se pourvoir en cassation".
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, Tony Meilhon a admis avoir "commis l'irréparable. Quoi que vous décidiez, rien ne sera réparé", a souligné l'accusé, crâne et visage rasés, en veste, cravate et chemise sombre. "L'avocat général a dit une chose sensée : 'il est dangereux'. C'est vrai: j'étais dangereux", a-t-il poursuivi. "Si on me pose la question, je dirai: 'non, on me fait pas sortir de prison'. Dehors, je suis un danger pour moi-même autant que je suis un danger pour les autres", a-t-il reconnu.
Dehors, je suis un danger pour moi-même autant que pour les autres
Tony Meilhon a nié une nouvelle fois catégoriquement avoir démembré le corps de sa victime. Les enquêteurs n'ont trouvé aucune preuve de complicité et l'homme qu'il a dénoncé a récusé ces accusations.
"Tu n'es pas un dossier, tu es une princesse". Dans la matinée, les avocats des parties civiles avaient prononcé des plaidoiries particulièrement douloureuses. S'adressant directement à la victime, Lætitia, Me Emmanuelle Henry, l'avocate de son parrain Alain Larcher, a fait monter les larmes aux yeux de plusieurs des neuf jurés, sept femmes et deux hommes, mais aussi du public. "Ta présence a plané à cette audience pendant quinze jours", a-t-elle déclaré. "Tu n'es pas un 'dossier', Lætitia, tu es une princesse", a-t-elle ajouté. "Tu es très courageuse, tu voulais t'en sortir et tu y étais presque arrivée...", avait-elle ajouté.
Placée en foyer à 8 ans avec sa sœur jumelle, puis en famille d'accueil en 2005, Lætitia était apprentie serveuse lorsque sa route a croisé celle de Tony Meilhon, alors âgé de 31 ans et sorti de prison quelques mois plus tôt. La jeune fille a été enlevée, tuée puis démembrée à l'âge de 18 ans, le 19 janvier 2011.