Le scénario d'une nuit d'ultra-violence sur fond de trafic de stups semble se dessiner dans l'enquête sur le meurtre d'Eva. Moins d'une semaine après la découverte du corps sans vie de cette étudiante de 23 ans dans une malle en plastique à l'intérieur de son appartement de Toulouse, quatre suspects ont été mis en examen, vendredi. Une information judiciaire pour assassinat a été ouverte pour faire toute la lumière sur le drame qui s'est joué dans ce petit studio. Selon les déclarations en garde à vue des quatre suspects, trois jeunes hommes et une fille âgés de 19 à 23 ans, une dette de 6.000 euros aurait scellé le destin de l'étudiante dont ils ont tenté de faire disparaître le corps "comme dans Breaking Bad".
Maths Sup et trafic de stups. C'est une équipe de "petits" trafiquants de drogue aux profils atypiques que les enquêteurs de la Brigade criminelle de la PJ toulousaine ont découvert au fil des auditions. Parmi les quatre suspects, la tête de réseau et ses revendeurs dont aurait aussi fait partie la victime, Eva. Tous sont étudiants et frôlent parfois même l'excellence. Le "chef" du réseau suit un cursus dans une école supérieure de commerce, un de ses dealers est, lui, en école d'ingénieur, quand un autre a intégré une prépa Maths Sup/Spé dans un prestigieux lycée de Toulouse.
Mise à jour, samedi 8 août à 9H : deux hommes ont été mis en examen vendredi pour assassinat (homicide avec préméditation), trafic de stupéfiants et vol aggravé. Un troisième homme a été mis en examen pour complicité d'assassinat par instigation, trafic de stupéfiants et vol aggravé. La jeune femme mise en examen pour trafic de stupéfiants a été placée sous contrôle judiciaire.
"Supprimée" pour une dette de 6.000 euros. Eva était, quant à elle, étudiante en histoire de l'art et semblait avoir progressivement déserté les bancs de la fac cette année. C'est dans le cadre de ce "partenariat commercial" que les ennuis de la jeune femme commencent. Elle aurait en effet contracté une dette de 6.000 euros auprès de la tête du réseau. La "désinvolture" de l'étudiante quant à cette ardoise stupéfiante aurait signé son arrêt de mort.
Les faits se seraient déroulés dans la nuit du 26 au 27 juin. Deux des jeunes membres du réseau se présentent à la porte du studio d'Eva, au dernier étage d'un immeuble de la rue Merly, dans le centre pittoresque de Toulouse. Ils ont un terrible projet : "supprimer" l'étudiante. Armés d'un poing américain et d'un pied de biche, ils la tabassent et lui fracassent le crâne, cause probable du décès selon l'autopsie. La dette est soldée, Eva est morte.
Faire disparaître le corps façon Walter White. C'est à ce moment là qu'intervient un troisième membre du réseau. Lui, s'attache à maquiller la scène de crime et à faire disparaître le corps. Selon les déclarations de l'un des mis en cause, l'étudiant s'inspire pour cela d'une série américaine culte : Breaking bad. Dans cette fiction, Walter White, prof de chimie atteint d'un cancer foudroyant, se mue en un trafiquant impitoyable de "chrystal meth" (métamphétamine). Pour faire disparaître les corps de ses nombreuses victimes, ce chimiste de génie les plonge dans des barils remplis d'acide fluorhydrique, dont la particularité est d'être particulièrement corrosif pour les matériaux organiques mais parfaitement inoffensif avec le plastique.
Le "nettoyeur" toulousain achète donc de l'acide et tente de faire disparaître le corps d'Eva dans une malle en plastique. Depuis l'intérieur du studio, il calfeutre ensuite la porte d'entrée afin de ne laisser filtrer aucune odeur pestilentielle liée à la décomposition du corps. Les enquêteurs ont pu déterminer qu'entre cette nuit d'horreur et la découverte du corps le 3 août, au moins deux des suspects reviennent à plusieurs reprises dans l'appartement. Peut-être même quotidiennement.
Deux suspects se rendent à la police et l'enquête s'accélère. Lundi, se sont finalement les proches d'Eva, inquiets de ne plus avoir de nouvelles, qui ont donné l'alerte. Les pompiers ont dû passer par un Vélux pour réussir à entrer dans le studio. C'est là qu'ils ont découvert le corps d'Eva dans la malle en plastique. Le cadavre, dégradé par l'acide, se trouve dans un état de décomposition avancé.
L'enquête s'est brusquement accélérée mercredi. Deux membres du réseau, un garçon et une fille de 20 et 21 ans, en couple, ce sont rendus à la police afin "d'assumer leur geste". Les enquêteurs ont ensuite interpellé les deux autres, dont la tête présumée du réseau. Quatre jeunes gens pleins d'avenir qui risquent désormais la prison à perpétuité.