Trois policiers du Raid, une unité d'élite, ont été mis en examen jeudi pour "violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner" après le décès d'un homme de 27 ans en marge des émeutes à Marseille, a indiqué le parquet. "Les magistrats instructeurs ont notifié aux trois policiers leur placement sous contrôle judiciaire assorti des mesures d'interdiction de rentrer en contact avec les parties civiles et d'interdiction de participer dans le cadre de leur activité professionnelle de fonctionnaire de police à des interventions concernant des violences urbaines et de grands événements sur la voie publique", a-t-il ajouté dans un communiqué.
"Il y a beaucoup de zones d'ombre encore dans ce dossier"
Les trois policiers, qui ne sont pas placés en détention provisoire, ont pu s'expliquer durant leur garde à vue. Face au magistrat, ils ont pu donner leur version des faits et surtout le contexte dans lequel ils intervenaient aux abords d'une artère commerçante. Dominique Mattei, est l'un des avocats des trois agents du Raid mis en examen. "Il y avait un danger caractéristique et ce danger est venu reprendre des informations qui ont été données à la police selon lesquelles il y avait des scooters qui entendaient s'en prendre aux forces de l'ordre. Et qu'il fallait impérativement les neutraliser, les interpeller pour éviter que le climat insurrectionnel ne connaisse un aboutissement que chacun redoutait."
Si le soulagement est de mise pour Fabienne Bendayan, qui représente deux policiers dans ce dossier, de nombreuses questions se posent encore. "Il y a beaucoup de zones d'ombre encore dans ce dossier, beaucoup d'incertitudes. Il y a des vidéos qui sont dans le dossier, qui ont permis d'éclaircir un certain point de zones d'ombre. Mais il en reste encore beaucoup à découvrir. L'instruction va permettre d'identifier justement qui sont les tireurs, s'il y en a effectivement. L'enquête va nous permettre d'avancer", affirme-t-elle.
À ce stade, tous les trois sont encore considérés comme étant l'auteur potentiel du tir fatal à Mohamed Bendriss.
Des faits qui se sont produits après le pillage d'un magasin
Décédé dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, Mohamed Bendriss est le seul mort recensé à ce jour en marge des violences urbaines qui s'étaient déclenchées dans plusieurs villes de France et sur plusieurs jours à la suite du décès du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre fin juin. Selon des éléments donnés par le parquet, les faits se seraient produits après le pillage d'un magasin Foot Locker du centre de Marseille.
Les images de vidéosurveillance ont démontré "qu'un homme avait pris la fuite (...) poursuivi par M. B. (l'homme ensuite décédé) à scooter qui avait tenté de prendre le sac dont il était porteur, contenant des marchandises volées dans ce commerce", écrit le parquet.
La victime atteinte par deux tirs de LBD
"Il existe donc des éléments démontrant que ces deux individus participaient à une action d'appropriation frauduleuse dans un contexte de pillage généralisé des magasins du centre-ville fondant une action d'intervention pour en interpeller les auteurs", ajoute-t-il.
Selon les éléments communiqués par le parquet, Mohammed Bendriss "parvenait quant à lui à s'enfuir à scooter, longeant la colonne du Raid", et a été "atteint dans un laps de temps très court par deux tirs de LBD, dont l'un au niveau du thorax se révélera mortel, puis par un tir de munition type "bean bag" qui impactait son scooter.