Nanterre : cinq mineurs en garde à vue après des incidents devant le lycée Joliot-Curie

Neuf véhicules de gendarmes mobiles sécurisaient les alentours de l'établissement ce lundi. © Bertrand GUAY / AFP
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avec AFP

Lundi matin, au moment du début des classes, une dizaine de personnes cagoulées ont tiré des mortiers d'artifice en direction du lycée polyvalent Joliot-Curie, situé non loin du centre administratif de Nanterre. Cinq mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue à la suite de ces incidents, d'après le parquet de la ville.

De nouveaux incidents ont éclaté lundi devant le lycée Joliot-Curie à Nanterre , où des jeunes ont tiré des mortiers d'artifices en direction de cet établissement de l'ouest parisien, agité depuis une semaine par des revendications fourre-tout d'élèves. "On dirait un film !", s'est exclamée lundi "impressionnée" une lycéenne de seconde qui a requis l'anonymat. "J'ai vu des garçons se faire taper au sol par des policiers".

Les cinq jeunes pas tous issus de Joliot-Curie

Lundi matin, au moment du début des classes, une dizaine de personnes cagoulées ont tiré des mortiers d'artifice en direction du lycée polyvalent Joliot-Curie, situé non loin du centre administratif de Nanterre, selon une vidéo du journaliste Clément Lanot diffusée sur Twitter. Des personnes ont également tiré des mortiers d'artifice vers un autre lycée à Nanterre, l'établissement Claude-Chappe, a précisé une source policière.

Cinq mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue à la suite de ces incidents, d'après le parquet de Nanterre. Selon une source proche du dossier, ces cinq jeunes ne sont pas "tous" des élèves de Joliot-Curie.

Des échauffourées entre jeunes et policiers la semaine précédente

Vers 10 heures, la situation était redevenue calme, a constaté une journaliste de l'AFP. Neuf véhicules de gendarmes mobiles sécurisaient les alentours de l'établissement et des médiateurs de la ville de Nanterre dialoguaient avec des adolescents. Ces incidents se sont déroulés alors que des échauffourées entre jeunes et policiers avaient déjà eu lieu la semaine dernière.

Dimanche, le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye a déclaré sur RTL qu'il importait "de retrouver une situation de calme" permettant "le dialogue entre les parties prenantes" dans ce lycée "qui a des difficultés depuis de nombreuses années". "Chaque lycéen a sa propre revendication", a expliqué lundi Jean-Pierre Bellier, l'adjoint au maire de Nanterre chargé de l'Action éducative, présent sur les lieux. L'une des plus partagées : renforcer l'aide aux devoirs, ce qui a été accepté par l'académie de Versailles jeudi dernier.

Des contrôles vestimentaires dénoncés par les lycéens

"Des mensonges", a fustigé lundi Racha, en terminale. "Ils ont dit que ça allait être mis en place dès le 17 octobre, mais on doit attendre après les vacances (de la Toussaint), alors que c'est important", a-t-elle avancé auprès de l'AFP. Des lycéens ont aussi dénoncé des contrôles vestimentaires pratiqués à l'entrée de l'établissement. "Des maladresses de personnels", a estimé Jean-Pierre Bellier. "En vérité, la plupart des élèves ne discutent pas le fait de devoir enlever le voile quand elles entrent au lycée".

Pour l'adjoint au maire, "l'étincelle qui a mis le feu aux poudres" est la mutation d'un enseignant syndicaliste, Kai Terada, fin septembre. Des lycéens lui ont manifesté leur soutien, et plusieurs syndicats d'enseignants ont accusé l'académie de Versailles de "discrimination syndicale". "En vérité, peu le connaissent mais il y a une sorte de mythe autour de lui car il a la réputation d'être un excellent professeur", a expliqué Jean-Pierre Bellier.

Les cours "assurés" lundi malgré les heurts

Kai Terada, professeur de maths et cosecrétaire du syndicat Sud Education 92, a jugé "complètement délirante" l'idée selon laquelle des lycéens avaient bloqué l'établissement pour protester contre sa situation. "Ce n'était pas ça du tout", a-t-il assuré au site Arrêt sur images, "leurs motifs étaient assez clairs". Lundi, malgré les heurts, l'académie de Versailles a indiqué que "les cours étaient assurés" par les professeurs qui n'exerçaient pas leur droit de retrait. Une professeure de SVT a pourtant regretté auprès de l'AFP ne "pas avoir pu faire cours à ses élèves depuis une semaine".

L'établissement a d'abord été bloqué sans heurts lundi dernier par des élèves, des échauffourées ont éclaté le lendemain. Et de nouveaux incidents impliquant jeudi une cinquantaine de jeunes au visage masqué, selon la préfecture, a contraint le rectorat à fermer le lendemain le lycée de 1.700 élèves. Sur les 16 personnes placées en garde à vue la semaine dernière, quatre ont été convoquées le 1er décembre devant le tribunal pour enfants pour "violences aggravées". Le tribunal administratif de Versailles a examiné lundi un recours de l'enseignant contre sa mutation à ses yeux "forcée".