Abcès, début de septicémie, implants mal posés, gencives cousues avec la joue : entre 2008 et 2013, le dentiste-boucher de Château-Chinon, dans la Nièvre, a blessé et estropié environ 140 personnes. Mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité", Mark Van Nierop, praticien néérlandais venu combler un désert médical, est aujourd'hui derrière les barreaux dans l'attente de son procès. Sauf que du côté des victimes, l'indemnisation tarde et l'inquiétude grandit.
Le dentiste est insolvable et sans couverture. Les anciens patients du dentiste de Château-Chinon ont de quoi s'inquiéter. D'abord parce que l'homme est insolvable. Ensuite parce que la Mutuelle et Assurance du corps de santé français (MACSF) a rompu son contrat avec le dentiste. Pour quelle raison ? Au moment de son installation en France, Mark Van Nierop avait fait de fausses déclarations, "oubliant" de prévenir qu'il faisait déjà l'objet de deux procédures disciplinaires devant les autorités médicales des Pays-Bas. Enfin, ce que l'on appelle la solidarité nationale, le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI), dernier recours avant une éventuelle décision de justice à l'issue d'un procès, a refusé tous les dossiers d'indemnisations présentés par les victimes.
"Tout le monde est en train se défiler". Pour Nicole Martin, victime de Mark Van Nierop et présidente de l'Association du Collectif dentaire de Château-Chinon, "c'est un abandon". "Tout le monde est en train se défiler", déplore-t-elle au micro d'Europe 1. "Personne ne veut donner un centime à l'avance alors que des victimes ont pour 20 à 30.000 euros de réparations dans la bouche et ne peuvent pas tout payer", détaille la fondatrice de l'association. Elles ont dépensé beaucoup d'argent pour le dentiste de Château-Chinon et comme les soins étaient défectueux, il a fallu retourner chez un autre dentiste. Nous avons une victime qui a fait un emprunt et qui à l'heure actuelle est en train de chercher des aides pour payer son loyer. Avec des retraites de 700 euros, ce n'est pas toujours facile ", poursuit Nicole Martin.
Un procès pour 2016. Seul espoir, le procès qui pourrait se tenir dans les prochains mois, courant 2016. "Je ne désespère pas et je dis à toute les victimes d'attendre, en attendant le procès. Nos avocats vont se battre jusqu'au bout pour que nous ayons quand même quelque chose", assure Nicole Martin. Une question reste cependant en suspens : qui va payer ?