Un lycée professionnel fermé pour cause de violence. Après une série d'agressions dans cet établissement de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, les professeurs et les élèves ne s'y sentent plus en sécurité. Après trois jours de grève, l'établissement rouvre ses portes vendredi matin. Un dispositif policier est prévu à l'entrée et il n'y aura pas cours de la journée pour favoriser le dialogue.
Deux agressions en une semaine. Depuis une semaine, il ne s’agit plus seulement de brimades, d'insultes, mais d'agressions physiques violentes, qui visent principalement les filles du lycée. Vendredi, l'une d'entre elle s'est fait poignarder devant l'établissement. Lundi, une autre a été tabassée dans les couloirs de ce lycée, situé au cœur de la cité. Samia et Joyce, toutes deux âgées de 15 ans, ne se sentent plus en sécurité dans cet établissement de 800 élèves, comptant seulement quatre surveillants.
"J'ai peur de me prendre un coup de couteau". "Il y a des tensions, il y a des histoires, il y a des agressions. On n'est pas en sécurité. Certains se font poignarder, d’autres se font tabasser. J'ai des amis qui se sont fait agresser à l'extérieur du lycée, même si c'est à l'extérieur, on est quand même devant. On se dit qu’on ne nous surveille pas assez. On est là pour étudier, pas pour se sentir agressés et menacés", estime Sami au micro d’Europe 1. "J'ai peur de me prendre un coup de couteau, de me faire agresser pour rien. La personne qui s'est fait agresser, elle n'avait rien demandé, ça pouvait aussi tomber sur nous", ajoute Joyce. Certains ont tellement peur qu'ils ne viennent plus au lycée.
"Le climat qui règne en cité s’invite au lycée". Les agressions se font même en présence des enseignants. Solène, professeur d'anglais, a récemment assisté au lynchage de l'une de ses élèves. "Elle était pleine de bleus, choquées, elle ne voulait plus venir au lycée. C'est gravissime. Des jeunes femmes qui sont à l'extérieur du lycée se font agresser par des garçons qui viennent de la cité. Le lycée était jusqu’ici un havre de paix, où les jeunes femmes pouvaient être libres de s’habiller et de se comporter comme elles voulaient. On sent bien que le climat qui règne dans les quartiers est en train de s’inviter au sein de l'établissement. Et ce n'est pas possible. Se dire que l’on a des jeunes gens qui ne souhaitent plus venir au lycée à cause de l’ambiance globale, et du manque de rigueur en terme de discipline et du non-respect du règlement intérieur, pour nous c’est un aveu d’échec complet", lâche la professeure au micro d’Europe 1.
Une journée de dialogue vendredi. Cette dernière tente toutefois d’expliquer ce qui pousse ces jeunes à la violence. "Il faut garder en tête que ces jeunes gens sont des adolescents, ces jeunes gens sont issus de milieux très pauvres, et n’ont pas forcément les armes pour décrypter le milieu dans lequel ils vivent. La violence sociale dans laquelle ils vivent, ils la traduisent en violence physique", analyse-t-elle. Vendredi constituera une journée blanche pour les élèves. A cette occasion, Solène et les autres professeurs, essaieront de mettre des mots sur ce qu'il s'est passé ces derniers jours.