Deux frères soupçonnés de préparer un attentat à l'aide d'un important arsenal, des kalachnikovs mais aussi des détonateurs, ont été inculpés mercredi soir à Bruxelles pour "participation à un groupe terroriste" comme l'avait été leur frère cadet, Saïd Saouti, chef d'un gang de motards belges, fin 2015.
Trois kalachnikovs et une quinzaine de chargeurs. Les deux frères, Akim Saouti, 40 ans, Khalid Saouti, 37 ans, avaient été arrêtés avec deux autres personnes dans la nuit de mardi à mercredi à Anderlecht, commune populaire de l'agglomération bruxelloise, tandis qu'un cinquième homme était interpellé près de Lille (nord de la France). Dans un box de garage d'Anderlecht, la police a trouvé "trois kalachnikovs, une quinzaine de chargeurs de kalachnikovs, ainsi qu'un riot gun (fusil à pompe, ndlr), trois armes de poing et munitions, des radios, deux gilets pare-balles", mais aussi un gyrophare ainsi que des uniformes de police, d'agents de sécurité, de secouriste et "quatre détonateurs", a expliqué le parquet fédéral dans un communiqué.
Leur cadet, Saïd Saouti, déjà connu de la police pour avoir fondé un gang de motards, les "Kamikaze Riders", adepte de rodéos musclés sur le périphérique de Bruxelles, avait été condamné l'an dernier pour "appartenance à un groupe terroriste", recrutement de candidats au jihad et apologie du groupe Etat islamique (EI) sur les réseaux sociaux. Lors de son arrestation fin 2015, les autorités avaient annoncé qu'il était soupçonné de préparer des attentats contre "plusieurs lieux emblématiques" de la capitale belge.
Ses deux frères, "radicalisés", selon une source proche de l'enquête, ont été appréhendés après que les enquêteurs aient acquis la conviction qu'ils préparaient un attentat, comme semble l'attester l'arsenal découvert par les policiers. Ni leur cible présumée ni le pays --France ou Belgique ?-- n'ont toutefois été identifiés. Un troisième membre de la famille est toujours cherché par la police, selon la chaîne de télévision privée RTL.
Une garde à vue en France. Quant au cinquième suspect, lui aussi soupçonné de projeter "une action violente" selon une source proche du dossier, il a été interpellé tôt mercredi matin à Wattignies, dans la banlieue de Lille, dans le cadre de ce dossier. En France, les garde à vue en matière de terrorisme peuvent durer jusqu'à 96 heures avant une inculpation.
"Ce dossier est totalement distinct" des enquêtes menées en Belgique sur les attentats de Paris du 13 novembre 2015 (130 morts), préparés depuis la Belgique, et sur les attaques qui ont fait 32 morts à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles le 22 mars 2016, a précisé le parquet fédéral dans un communiqué. Il n'y a aucun lien non plus avec l'attentat avorté à la Gare centrale du Bruxelles, le 21 juin dernier, où un homme soupçonné de vouloir commettre un attentat est mort après l'explosion de sa valise bourrée d'explosifs dans un sous-sol de la gare, selon le parquet.
Qui sont les "Kamikaze Riders"
Les "Kamikaze Riders" sont un gang de motards dont le chef a été condamné pour appartenance à la mouvance djihadiste. Ce groupe, créé en 2003 à Anderlecht dans la banlieue bruxelloise, était surtout connu de la police, à l'origine, pour ses équipées à moto au mépris du code de la route, sur le périphérique de la capitale belge.
Mais l'arrestation fin 2015 de deux de ses membres, et notamment son fondateur Saïd Saouti, avait mis la Belgique en émoi et provoqué l'annulation du feu d'artifice du Nouvel an dans le centre de Bruxelles en raison de craintes d'attentats. Ces deux hommes, tous deux âgés d'une trentaine d'années, ont été condamnés en octobre 2016 par le tribunal correctionnel de Bruxelles : Saïd Saouti, à 6 ans de réclusion, pour "appartenance à un groupe terroriste" lié à la mouvance djihadiste, et Mohamed Karay, à 3 ans (avec sursis partiel), pour "tentative d'appartenance à un groupe terroriste".
Ils avaient été, lors de leur arrestation, soupçonnés d'avoir planifié une attaque du même type que les attentats djihadistes ayant frappé Paris le 13 novembre 2015, qui avaient fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés. Mais au terme de l'enquête, au cours de laquelle ni armes ni explosifs n'ont été retrouvés, le parquet avait demandé un non-lieu pour les accusations portant sur la planification d'un attentat.