Une vaste opération de police a débuté mardi matin pour évacuer le campement de La Chapelle à Paris, où plus de 350 migrants étaient installés sous le métro aérien.
L'évacuation était prévue depuis plusieurs jours. Une vaste opération de police a débuté mardi matin pour évacuer le campement de La Chapelle à Paris, où plus de 350 migrants étaient installés sous le métro aérien. L'évacuation, qui devrait durer jusqu'en milieu de matinée, était attendue depuis l'affichage, au cours du week-end, d'un arrêté demandant aux occupants du campement de quitter les lieux sous 48 heures. Le démantèlement de ce camp répond à une "exigence sanitaire", a appuyé mardi la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine.
Des conditions d'hygiène très dégradées. Après avoir bloqué le quartier, les forces de l'ordre ont tiré du sommeil les migrants, essentiellement des Soudanais mais aussi des Érythréens, Somaliens ou Égyptiens, qui s'entassaient depuis des mois dans des tentes de fortune. Échoués dans ce quartier populaire du nord de Paris, après un parcours souvent chaotique, ces hommes seuls pour la plupart, mais aussi des familles avec enfants, survivaient dans des conditions d'hygiène très dégradées. Le préfet de police, Bernard Boucault, avait évoqué un "risque d'épidémie" tandis que l'Agence régionale de Santé (ARS) avait souligné des risques de dysenterie et des cas de gale.
"Solidarité avec les réfugiés". Vers 6h30, ils ont été rassemblés dans le calme attendant de grimper dans une dizaine de bus, chargés de les emmener vers des centres d'hébergement de la région parisienne. Vers 9 heures, les bus quittaient le site les uns après les autres tandis que des manifestants criaient "solidarité avec les réfugiés". Plusieurs associations, dont Emmaüs, sont également présentes pour organiser des points d'accueil et répartir les migrants entre différents hébergements.
Où vont-ils être hébergés ? Les demandeurs d'asile (une centaine) ont été orientés vers des centres d'accueil (Cada) situés pour beaucoup en Ile-de-France, et les autres devaient être dirigés vers l'hébergement d'urgence. "Nous avons fait des propositions à toutes les personnes présentes sur le campement", a assuré le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, lors d'une conférence de presse à l'issue de l'évacuation. Une quarantaine de femmes et d'enfants ont été pris en charge par la Ville de Paris.
"Les solutions ne sont pas sérieuses". "On est inquiets, on nous dit qu'on va les héberger pendant quelques jours mais on ne sait pas du tout ce que ça va donner, d'autant plus que certains sont en situation irrégulière", a témoigné Christiane, une retraitée du quartier. "Ça se passe dans le calme", a commenté sur place Pascal Julien, conseiller EELV de Paris dans le 18e, "le point négatif est que les solutions ne sont pas sérieuses", a-t-il poursuivi, expliquant que certains seraient hébergés à la "Boulangerie", une ancienne caserne parisienne, une solution de "court terme".
"Ils poursuivent leur parcours pour aller dans d'autres pays". De son côté, le préfet de Paris, Bernard Boucault, élude la question quand on lui parle de reconduite à la frontière, mais il admet qu'il y a peu de solution. "on voit bien chaque jour les arrivées en France, pour ceux qui viennent de pays où les habitants peuvent bénéficier de demandes d'asile la politique du gouvernement c'est de dire : 'vous devez demander l'asile'. Comme vous le voyez, la plupart choisie de poursuivre leur parcours pour aller dans d'autres pays que la France", commente-t-il au micro d'Europe 1.
Une questionnaire pour demander l'asile. Selon un diagnostic mené sur place jeudi par les pouvoirs publics et des associations, environ 160 personnes pouvaient demander l'asile et 200 étaient "en transit" pour d'autres destinations, notamment la Grande-Bretagne et le nord de l'Europe. Des représentants de France Terre d'Asile et Emmaüs étaient présents mardi matin. "Si on est là, c'est une garantie que ça se passe bien", a affirmé le directeur général de France Terre d'asile Pierre Henry, estimant toutefois qu'"il serait beaucoup mieux de prévenir ce genre de situations" par un "travail avec les associations".
Un campement gare d’Austerlitz bientôt évacué. "Il ne faut pas que ce genre de campement se reconstitue d'ici quelques jours", a assuré sur place le directeur général d'Emmaüs solidarité, Bruno Morel, à propos du campement de La Chapelle. Aussi, le site devait-il très rapidement être nettoyé et faire l'objet d'une opération de "gardiennage", a-t-on assuré à la ville de Paris. Mardi après-midi, des pelleteuses ont rasé ce camp de fortune : des tentes ou des matelas, il ne restait plus rien.
Par ailleurs, un camp situé près de la gare d'Austerlitz, où sont présents 150 migrants, devrait lui aussi être évacué "dans les jours qui viennent", a assuré le préfet.