"J'aurais aimé que le match soit analysé par de vrais spécialistes". La phrase est signée Nikola Karabatic, au quatrième jour d'audience dans le procès des soupçons de paris suspects autour du match de hand Cesson-Montpellier en 2012. Le joueur a critiqué à la barre jeudi le travail des deux experts venus défendre leur rapport devant le tribunal correctionnel de Montpellier.
"L'impression que Montpellier n'a pas été là". Les experts ont mis en exergue "beaucoup d'éléments qui entretiennent la suspicion". "Mais nous n'avons pas la certitude à 100 % pour dire que le match a été truqué", ont-ils tempéré. L'ancien arbitre Nordine Lazaar, et le professeur agrégé d'EPS, Johann Rage, ont ensuite listé les carences des Montpelliérains : le nombre de pertes de balles (7), l'inefficacité au tir, notamment en raison de tirs hors cadre, un type de jeu moins rapide qu'habituellement. "On a l'impression que Montpellier n'a pas été là pendant les cinq premières minutes", ont-ils rapporté.
Les experts ont ajouté que l'équipe déjà championne de France et handicapée par les absences de nombreux cadres, n'avait "pas mis dans ce match "les ingrédients habituels de ses victoires". Si, pour le duo, il y a des choses "trop curieuses" pour "être innocentes", ils ont refusé de tirer des conclusions et reconnu qu'il ne s'agissait "pas d'un travail scientifique". Les experts ont affirmé n'avoir voulu "stigmatiser personne".
"Se dire expert du handball, ce n'est pas facile". C'est à ce moment que Nikola Karabatic, joueur de Montpellier à l'époque, a demandé au président l'autorisation de venir à la barre. Avec de nombreuses notes prises pendant la diffusion devant la cour de la première période du match, perdue par Montpellier (15-12), celle qui est en cause, il s'est attaqué au rapport des experts, "trop partial" à ses yeux, et contredit les experts. "Le handball n'est pas un sport de statistiques. Se dire expert du handball, ce n'est pas facile", a déclaré le champion olympique, du monde et d'Europe en titre, avant de poser plusieurs questions techniques sur l'organisation de l'équipe sur cette partie. "J'aurais aimé que ce match soit expertisé par des vrais spécialistes, des entraîneurs ou des joueurs de haut niveau", a-t-il lancé, très remonté, l'œil noir.
"Sur ce match-là, il n'y a rien à dire". "C'était la première fois que je regardais cette première mi-temps. J'ai eu la chance de pouvoir débattre avec le juge et les experts. Je suis soulagé car on a tous pu voir que sur ce match-là, il n'y a rien à dire", a commenté en sortant Nikola Karabatic, qualifiant l'hypothèse de trucage "de farfelue". "Je n'ai pas donné de leçon. Je n'ai pris personne de haut. J'ai voulu apporter mon expérience à moi", a-t-il souligné.
Bojinovic et Tej nient le trucage. Le Slovène Mladen Bojinovic et le Tunisien Issam Tej, les deux derniers joueurs appelés à la barre sur les huit mis en cause, ont comme les autres réfuté toute idée d'arrangement du match Cesson-Montpellier avec des paris portant sur le score à la mi-temps qui ont rapporté quelque 300.000 euros de gains, au détriment de la Française des jeux.
"Sincèrement, je pensais que Cesson mènerait à la mi-temps et que Montpellier allait gagner le match", a dit Bojinovic, répondant fermement "non" à l'hypothèse du trucage du match sur lequel il avait misé 4.000 euros sur le fait que Cesson mènerait à la pause. "Je n'ai jamais entendu parlé de trucage", a répété ensuite Issam Tej qui nie avoir fait le moindre pari. Entré à la moitié de la première période, il avait réalisé un bon match: "Je suis tous les ans nominé pour le titre de meilleur pivot. J'aime bien gagner ce trophée personnel", a-t-il rappelé. "La prestation de Tej est bonne", ont reconnu les experts.