La journaliste politique Anne Saurat-Dubois a annoncé mardi avoir porté plainte pour "harcèlement sexuel et moral" contre l'ancien directeur de la rédaction de France 2, Éric Monier, qui a l'intention de porter plainte à son tour pour "dénonciation calomnieuse" selon son nouvel employeur.
"Ne plus se taire et agir. J'ai porté plainte cette semaine, pour harcèlement sexuel et moral, contre mon ancien chef à France 2, directeur de la rédaction au moment des faits, Éric Monier", a annoncé la journaliste de BFMTV sur son compte Twitter, précisant que la plainte avait été adressée par son avocat au procureur de la République de Paris, François Molins. Selon les informations d'Europe 1, la plainte n'avait pas encore été reçue mardi en fin de journée par le parquet de Paris.
Ne plus se taire & agir. J’ai porté plainte cette semaine, pr harcèlement sexuel & moral, contre mon ancien chef à France 2, dir. redac. 1/3
— Anne Saurat-Dubois (@annesaurat) 31 octobre 2017
2/3 au moment des faits, Éric Monier. Merci à mes soutiens qui m’accompagnent ds cette libération.
— Anne Saurat-Dubois (@annesaurat) 31 octobre 2017
3/3, plainte adressée par mon avocat au procureur de la République, François Molins.
— Anne Saurat-Dubois (@annesaurat) 31 octobre 2017
De son côté, Éric Monier "nous a fait part de son intention de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse", a déclaré un porte-parole de la direction du groupe TF1, propriétaire de LCI, où travaille l'intéressé depuis 2016.
Il aurait menacé la journaliste de faire de sa vie "un enfer". Anne Saurat-Dubois a confié au site Buzzfeed qu'en 2012, alors qu'elle était en CDD à France 2, Éric Monier (à l'époque directeur de la rédaction de la chaîne publique) lui avait proposé de faire un bilan de compétences à l'occasion d'un déjeuner, lors duquel il lui aurait fait des avances, qu'elle a déclinées, et qu'il l'aurait ensuite menacée de faire de sa vie "un enfer". Contactée par l'AFP, la journaliste a confirmé le dépôt de la plainte sans faire d'autres commentaires.
De son côté, l'avocat de la journaliste, Philippe de Veulle, a expliqué que la plainte se basait sur des faits subis par sa cliente de 2011 à 2013, quand elle travaillait à France 2 d'abord comme pigiste puis comme CDD, et qu'il estime constitutifs des délits de harcèlement sexuel et harcèlement moral, et appuyés par des témoignages de deux de ses consœurs.
"Les bruits couraient dans les couloirs". Ces pratiques de harcèlement sexuel et moral auraient été régulières de la part d'Eric Monier affirme auprès d'Europe 1 Dominique Pradalié, ex-déléguée syndicale centrale du SNJ à France Télévisions. "Une journaliste s’est présentée à lui en lui disant : 'on offre de changer le poste de direction de service, je voudrais être candidate. Qu'en penses-tu ?' Cette consœur avait été victime d'un cancer, tout le monde le savait, elle ne s'en était pas cachée. Il lui a juste dit : 'je serais toi, je ne me présenterais pas, ça peut revenir'", rapporte-t-elle. "En matière de harcèlement sexuel, les bruits couraient dans les couloirs, ça revenait au moins une fois par semaine", ajoute-t-elle.
Le groupe TF1 annonce qu'il "tirera toutes les conséquences des suites judiciaires" de cette affaire. "Nous découvrons cette plainte qui aurait été déposée. Les sujets de harcèlement préoccupent particulièrement le groupe TF1", a déclaré un porte-parole de la direction du groupe propriétaire de LCI, où Éric Monier travaille depuis un an comme directeur de la rédaction. "Éric Monier nous a fait part de son intention de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse", a ajouté ce porte-parole.
Retrouvez le dernier communiqué du @GroupeTF1https://t.co/3tyi7AdYIhpic.twitter.com/2Ny3ENs3KA
— Groupe TF1 (@GroupeTF1) 31 octobre 2017
"Éric Monier bénéficie de la présomption d'innocence", a rappelé le porte-parole, tout en précisant que "si les faits étaient avérés, le groupe TF1 tirerait toutes les conséquences des suites judiciaires consécutives à cette affaire". De son côté, France Télévisions n'a pas fait de commentaires.