Manuel Valls a déclaré mardi devant l'Assemblée nationale qu'"un cap dans l'horreur (avait) été franchi" après le meurtre à leur domicile d'un policier et de sa compagne par un homme se réclamant de l'organisation Etat islamique.
"Le domicile, l'intimité, pris pour cibles". "Un cap dans l'horreur a été franchi. C'est le domicile, l'intimité même d'une famille, d'un couple de fonctionnaires de police qui ont été prises pour cible", a déclaré le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement. La France a de nouveau été la cible d'une action "terroriste" après l'assassinat lundi soir d'un policier et de sa compagne près de Paris, acte revendiqué par un meurtrier qui appelait à faire de l'Euro "un cimetière" et par le groupe Etat islamique. "Notre première arme, c'est le droit pénal, et c'est la légitimité de l'état de droit: poursuivre, incarcérer et mettre hors d'état de nuire tous ceux qui s'engagent dans ces filières", a poursuivi Manuel Valls.
Valls a fait allusion à Guantanamo. Le Premier ministre, qui répondait à une question du président du groupe centriste Philippe Vigier, a ensuite appelé la droite à "refuser toute tentation de recourir aux aventures extrajudiciaires, celles expérimentées dans le monde au cours des années 2000 et qui ont mené parfois à de véritables menaces", dans une allusion au centre de Guantanamo mis en place par les Etats-Unis après le 11 septembre. Certains responsables des Républicains, notamment Eric Ciotti et Valérie Pécresse, ont plaidé dès mardi matin pour la mise en place de "centres de rétention" pour les personnes fichées radicalisées les plus dangereuses.
"Liberté, démocratie et Etat de droit". Par ailleurs, Manuel Valls s'est dit "inquiet", en réponse à une question du président du groupe socialiste Bruno Le Roux, "non seulement face à cette menace et à ces actes, mais aussi à ce qui passe parfois dans la société française, à la violence, aux actes de violence. Et rien ne peut être banalisé, surtout dans ces moments-là". "La seule réponse possible, c'est les moyens que nous mettons au service des forces de sécurité et de la justice, c'est les moyens, au nom même de la République et de l'Etat, que nous mettons au service de l'autorité mais toujours dans le respect de nos libertés fondamentales. Car le terrorisme veut s'en prendre à nos libertés fondamentales et l'arme pour lutter contre le terrorisme, c'est la liberté, c'est la démocratie et c'est l'Etat de droit", a dit Manuel Valls.
Le chef du gouvernement a une nouvelle fois rendu hommage aux policiers. "Je n'accepte plus les mises en cause permanentes de ces hommes et de ces femmes", a-t-il également dit, imité quelques minutes plus tard par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.