Le premier procès en France dans l'affaire des "biens mal acquis" s'est ouvert lundi à Paris sur une demande de report du fils du président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, accusé de s'être frauduleusement bâti en France un patrimoine vertigineux.
Une longue liste de chefs d'accusation. Ancien ministre de l'Agriculture et des forêts, promu fin juin vice-président de Guinée équatoriale par son père Teodoro Obiang Nguema, Teodorin Obiang, âgé de 47 ans, n'était pas présent personnellement au Palais de justice de la capitale française. Il est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption. Prévu jusqu'au 12 janvier, ce procès est le premier en France dans l'affaire des "biens mal acquis", qui porte sur les conditions d'acquisition de riches patrimoines en France par plusieurs dirigeants africains.
Demande de report. L'un des avocats de Teodorin Obiang, Emmanuel Marsigny, a plaidé lundi en faveur d'un report, les délais étant "beaucoup trop courts". Le tribunal devrait se prononcer dans l'après-midi sur cette requête.
Un appartement à 107 millions d'euros. L'enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International, a mis au jour le patrimoine considérable de Teodorin Obiang, 47 ans. Un patrimoine, entre autres, composé d'un immeuble avenue Foch estimé à 107 millions d'euros et de voitures de luxe et de sport (Porsche, Ferrari, Bentley, Bugatti).
L'ultra-luxe. Le moins que l'on puisse dire c'est que ses dépenses somptuaires en France sont très éloignées du quotidien de son petit pays pétrolier d'Afrique centrale, dont plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Quand il est à Paris, Teodorin Obiang, éternel célibataire au look savamment étudié (lunettes noires, cheveux lisses, barbe taillée), dépense des mallettes entières de liquide chez les couturiers de l'avenue Montaigne. Dans ses appartements de l'avenue Foch, les robinets sont recouverts de feuilles d'or, le maître des lieux dispose également d'un hammam, d'une salle de sport, d'une discothèque, d'un salon de coiffure, d'une salle de cinéma.
Au terme de l'instruction, les juges ont estimé qu'il s'est bâti son patrimoine en France en y investissant le produit "des détournement de fonds publics", de la corruption. Une accusation toujours niée par le fils du président équato-guinéen qui "a toujours dit qu'il a gagné légalement son argent dans son pays", selon son avocat.