Un policier a à son tour évacué jeudi l'hypothèse d'une participation d'Abdelkader Merah dans la préparation et l'exécution des sept assassinats commis par son frère Mohamed, au quatrième jour d'un procès dans une ambiance pesante, un avocat de la défense ayant dénoncé des menaces de mort contre ses enfants.
La cour a d'abord écouté le long témoignage anonymisé d'un policier de la sous-direction antiterroriste consacré au principal accusé, jugé pour "complicité" dans l'assassinat au nom du djihad de trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs commis par son frère en mars 2012 à Toulouse et Montauban.
Le spectre de la thèse du "loup solitaire". "Sur l'exécution de l'action, nous n'avons pas de complicité, nous n'avons pas identifié d'autre auteur que Mohamed Merah", a affirmé le policier à la barre. "Alors pour vous, les faits ont été commis par Mohamed Merah seul?", a insisté le président Franck Zientara. "Pour la réalisation physique, exactement", a confirmé le policier tout en précisant que cela n'excluait pas "d'autres aides pour la réalisation de ces faits". Un commissaire de police avait la veille suscité l'émoi en développant à peu près la même thèse et qualifiant le tireur de "loup solitaire". "Nous avons cherché sans préjugé l'existence de complicités sur trois aspects", a expliqué jeudi le fonctionnaire.
"Comment un petit délinquant de cité s'est-il transformé en terroriste ?". "Mohamed Merah a-t-il bénéficié d'une aide physique pour le repérage, la préparation de l'action et la revendication des actions"? À cette question le policier a répondu non, tout en précisant que deux autres aspects d'une possible complicité seront abordés ultérieurement par d'autres policiers. À savoir: "Comment Mohamed Merah, petit délinquant de cité, s'est-il transformé en terroriste et cette transformation s'est-elle opérée sous l'influence d'un tiers?" et: "Est-ce que Mohamed Merah a bénéficié d'une aide matérielle et d'un soutien financier?"
Abdelkader, accusé d'avoir favorisé la radicalisation de son frère. Or, c'est précisément sur ces fondements que l'accusation a décidé le renvoi aux assises d'Abdelkader Merah, accusé d'avoir favorisé la radicalisation de son frère et, en connaissance de cause, participé au vol du scooter utilisé pour commettre les assassinats. Le deuxième accusé, Fettah M., 34 ans, se voit, lui, reproché d'avoir fourni à Mohamed Merah une aide matérielle, à savoir un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et des munitions utilisés par le tueur.
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