Les fantômes du fiasco judiciaire d'Outreau continue de se succéder à la barre, au quatrième jour du procès devant la cour d'assises des mineurs à Rennes de Daniel Legrand fils, pour des faits de pédophilie non jugés, commis avant ses 18 ans. Vendredi l'ancien juge d'instruction Fabrice Burgaud a une nouvelle fois défendu son enquête dans ce dossier.
Un exposé de trois quart d'heure au ton satisfait… Fabrice Burgaud, en costume-cravate, est d'abord apparu très détendu et sûr de lui, lorsqu'il plaisante avec sa greffière pendant les essais de son pour la visio-conférence. Puis, le magistrat débute sa déposition en donnant du "madame, monsieur, je vous remercie de m'entendre aujourd'hui". D'une traite, pendant trois quart d'heure, il va posément défendre son travail d'instruction dans le dossier Outreau. Il parle de l'enquête, de ses difficultés et n'hésite pas à souligner des fausses pistes : le ton est satisfait.
…mis à mal par les questions du président. Puis vient son principal argument : les aveux de Daniel Legrand. Pour le juge, ces déclarations assorties d'excuses pour les victimes sont le signe d'une authenticité de parole, le signe donc que c'est la vérité. Puis vient le moment des questions. Et celles du président de la cour, Philippe Dary, lui-même ancien juge d'instruction, sont relativement critiques.
"Comment se fait-il que vous n'ayez jamais montré la photo de Daniel Legrand aux enfants de Myriam Badaoui, les seuls qui l'ont accusé ? Et puis, il n'y a jamais de date pour les faits, c'est très imprécis", note encore le président. Plusieurs fois, le juge Burgaud marque un temps d'arrêt, les yeux dans le vague. Avant de répondre, un peu moins sûr de lui, mais sans jamais concéder qu'il a pu se tromper : "Il aurait été préférable de préciser des périodes...", admet- il, avant de préciser : "je pense que ce n'était pas possible par rapport aux auditions que l'on faisait".
Reprise des débats mardi.