"Legrand, c'est son nom ou c'est parce qu'il est grand?", a demandé lorsqu'il était enfant Jonathan Delay, une des victimes de l'affaire de pédophilie d'Outreau. C'est ce qu'a révélé jeudi un témoignage inédit livré à la barre, au troisième jour du procès de Daniel Legrand à Rennes.
Daniel Legrand fils, l'un des 13 acquittés d'Outreau est jugé depuis mardi devant la cour d'assises des mineurs pour des viols sur des enfants, qu'il aurait commis alors qu'il avait moins de 18 ans. Des faits identiques à ceux pour lesquels il a déjà été acquitté en 2005
Interrogée, Sylvie Chochois, assistante familiale qui avait pris en charge le petit Jonathan Delay, placé chez elle en 2000, a spontanément déclaré : "il y a une chose dont je me souviens bien, c'est qu'il m'a dit: 'Legrand, c'est son nom ou...".
Les accusations de Delay mises en doute. Une déclaration inédite, jamais enregistrée au cours de l'instruction ou des deux premiers procès, qui a créé la surprise au lendemain de la déposition de Jonathan Delay. Ce dernier a affirmé pour la première fois que Daniel Legrand faisait bien partie des personnes qui l'avaient violé quand il était enfant. Mais Jonathan Delay n'avait pas pu en revanche préciser quels actes ou gestes Daniel Legrand aurait commis.
Jeudi, le président a fait répéter plusieurs fois cette phrase à Sylvie Chochois avant de demander: "quand il vous pose la question, c'est qu'il a entendu parler de Legrand ?". "Oui", a-t-elle reconnu, mais sans pouvoir dire précisément comment. Un élément de plus mettant en doute le fait que les enfants Delay connaissaient vraiment Daniel Legrand quand son nom est apparu dans le dossier.
L'apparition tardive de "Dany Legrand en Belgique". Dès 2004, lors du premier procès découlant de l'instruction décrié du juge Fabrice Burgaud, les défenseurs de Daniel Legrand père et fils, qui finirent tous deux par être acquittés, avaient mis en avant la fragilité de l'entrée de leur nom dans le dossier. Ce nom n'avait pas été cité lors des toutes premières dépositions des fils Delay sur les viols dont ils étaient victimes. Il n'est apparu pour la première fois, sous la forme de "Dany Legrand en Belgique", que six mois après le début de l'instruction.
Une révélation couchée sous la plume de Christiane Bernard, autre assistante familiale, dans une "liste" où elle déclarait avoir retranscrit les noms des personnes que l'enfant Dimitri Delay accusait. Ce surnom, "Dany", n'était porté ni par le père ni par le fils, qui vivaient en France à Wimereux, dans le Pas-de-Calais, et non en Belgique. Il ne désignait qu'une seule personne, pas deux.