Deux détenus de la prison de Fresnes, qui préparaient un attentat depuis leurs cellules, ont été mis en examen vendredi. Depuis la fin de l'année dernière, ces deux hommes, un Français de 22 ans et un Camerounais de 28 ans, étaient discrètement mais étroitement surveillés par la DGSI.
Des radicalisations plus difficiles à repérer. Selon l'administration pénitentiaire, près de 2.000 détenus sont actuellement radicalisés en France. Mais ce chiffre est "difficile à calculer", selon Emmanuel Baudin, secrétaire général du Syndicat national pénitentiaire Force ouvrière (SNPFO), interrogé sur Europe 1 mardi. En effet, "si dans le temps, les détenus radicalisés étaient faciles à repérer du fait de leur barbe" notamment, "aujourd'hui, on est sur un autre profil. Ils sont très discrets. C'est là où le travail de renseignement au sein des établissements pénitentiaires est important pour les détecter".
L'insécurité, terreau de la radicalisation. Les deux détenus mis en examen avaient été incarcérés pour des affaires de droit commun, et se sont radicalisés derrière les barreaux. Un phénomène de plus en plus fréquent, qui ne pourrait être endigué que par "une volonté politique", selon Emmanuel Baudin. "Il faut plus de sécurité au sein des établissements pénitentiaires", plaide-t-il. "Aujourd'hui règnent le racket et les trafics" dans les prisons, "et les détenus, pour trouver une protection, vont se rapprocher de ces groupes, et c'est là qu'ils vont se faire radicaliser", illustre le syndicaliste. "La première chose à faire, c'est de ramener de l'ordre et de la sécurité."
"Les surveillants n'ont plus de pouvoir". Mardi matin sur Europe 1, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a assuré qu'"un effort tout à fait considérable" était fait sur le renseignement pénitentiaire. "Insuffisant", selon Emmanuel Baudin, qui dénonce le manque de moyens accordés au personnel. "Aujourd'hui, les surveillants n'ont plus de pouvoir. On a donné toujours plus à la population pénale en pensant acheter la paix sociale et éviter ainsi les mouvements collectifs. Il faut se rendre à l'évidence : ça ne fonctionne pas", juge-t-il. "Le laisser-aller au sein des établissements pénitentiaires est favorable aux prêcheurs, qui arrivent à radicaliser en masse des détenus faibles, à la recherche de sécurité."
Regrouper les détenus radicalisés. Pourtant, à Fresnes, il existe un quartier d'évaluation de la radicalisation, censé prévenir ce type de phénomène. Un dispositif "inefficace", affirme Emmanuel Baudin, "puisque ce quartier se situe au milieu d'autres quartiers. Ceux qui s'y trouvent ont des contacts avec les autres détenus par les fenêtres". Pour le secrétaire général du SNPFO, il faudrait "regrouper ces détenus dans des établissements spécifiques, avec une gestion spécifique." "Aujourd'hui, on éparpille des individus radicalisés dans les établissements français. Malheureusement, c'est comme dans une corbeille de fruits : si vous mettez un fruit pourri, il va contaminer le reste de la corbeille."