Le procureur de Paris François Molins a indiqué mercredi en conférence de presse que l'arsenal découvert dans un appartement d'Argenteuil après l'interpellation du djihadiste présumé Rida Kriket montrait "à l'évidence les préparatifs d'une action terroriste imminente". Le terroriste présumé a été mis en examen par un juge antiterroriste et incarcéré mercredi après-midi, après six jours de garde à vue, notamment pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste criminelle.
- Un projet "d'une extrême violence"
"Tout laisse à penser que la découverte de cette cache a permis d'éviter la commission d'une action d'une extrême violence par un réseau terroriste prêt à passer à l'acte", a indiqué le procureur. Sur place, les enquêteurs ont trouvé "un véritable arsenal d'armes et d'explosifs" : trois bouteilles d'eau oxygénée, deux bidons d'acide, un Tupperware contenant 105 g de TATP, explosif prisé des jihadistes, 1,3 kg d'explosifs industriels, des armes, dont cinq fusils kalachnikov, et des munitions. Sept téléphones portables et de faux passeports ont également été découverts.
"Aucune cible précise projetée" n'a pour l'instant pu être identifiée par les enquêteurs, a-t-il cependant précisé.
Reda Kriket, principal suspect du projet d'attentat déjoué en France a été arrêté le 24 mars à Boulogne-Billancourt. Son arrestation a donné suite à une vaste opération policière, dans la nuit de jeudi à vendredi, dans un immeuble d'habitations du boulevard du général Delambre, à Argenteuil, dans le Val-d'Oise. L'homme y louait un appartement sous une fausse identité.
- Un voyage en Syrie fin 2014
Le procureur a confirmé le nom de l'homme de 32 ans interpellé aux Pays-Bas dans le cadre de l'enquête sur le projet déjoué en France : Anis Bahri. Cet homme et Reda Kriket sont "tous deux soupçonnés de s'être rendus en Syrie entre fin 2014 et début 2015 et étaient suspectés depuis leur retour de faire des aller-retours entre la France, la Belgique et les Pays-Bas", a déclaré François Molins. Tous deux faisaient l'objet d'un mandat de recherche, lancé le 24 décembre 2015 pour l'un et le 14 janvier dernier pour l'autre.
L'enquête sur cette nébuleuse a également conduit à l'interpellation, vendredi dernier en Belgique, de deux autres suspects, Abderrahmane A. et Rabat M. Il sont susceptibles, selon François Moulins, d'avoir été en relation avec Reda Kriket.
Reda Kriket avait par ailleurs été condamné par défaut aux côtés d'Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats du 13 novembre, en juillet dernier en Belgique, lors d'un même procès. Ils étaient poursuivis pour leur participation à une filière de recrutement belge pour la Syrie. Le Français, à qui il était reproché un rôle important, avait alors écopé de dix ans de prison.
- De nombreux chefs d'accusation
A l'issue de six jours de garde à vue, une durée exceptionnelle, Rida Kriket a été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle", "acquisition, détention et cession d'armes de catégories A et B en bande organisée", "fabrication en bande organisée d'engins explosifs ou incendiaires", "détention et transports de substances et produits incendiaires ou explosifs en vue de la préparation d'atteinte aux personnes par substance explosive" et "toute infraction en relation avec une entre terroriste", a détaillé le procureur.