Le procès de la rixe mortelle d'Echirolles sera-t-il accessible aux citoyens français et aux médias ? La cour d'assises de l'Isère dira mardi à 9 heures si les débats, qui doivent durer six semaines, se tiendront à huis clos, deux des accusés étant mineurs au moment des faits. Lundi, la question a été longuement débattue, lors de la première journée d'audience au palais de justice de Grenoble, sécurisé par une compagnie de CRS.
Deux avocats de la défense souhaitent la publicité des débats. Deux avocats de la défense, Me Bernard Ripert et Me Ronald Gallo, ont réclamé la publicité des débats, au cours d'une audience qui s'est tenue à huis clos, comme c'est la règle devant la cour d'assises des mineurs. Deux des douze accusés, aujourd'hui âgés de 19 à 24 ans, étaient en effet mineurs au moment de la rixe mortelle, en septembre 2012. "La justice doit être rendue au nom du peuple français et non pas en secret", a estimé Me Ronald Gallo, à la sortie de l'audience, tandis que Me Bernard Ripert a dit vouloir "éviter que la justice fasse un mauvais coup en catimini".
Le huis clos, "dans le football, c'est une punition". Le 28 septembre 2012, Kevin et Sofiane avaient été lynchés jusqu'à la mort. Marteau, manche de pioche, bouteille de vodka, pistolet à grenailles : le déchaînement de violences avait duré une vingtaine de minutes. "C'est une forme d'injustice le huis clos [...] Dans le football, c'est une punition, une sanction", s'est exclamé à la sortie le frère de Kevin, une des victimes. Cet étudiant en master de 21 ans avait été frappé de huit coups de couteau, dont un mortel au poumon.
"Nos enfants ont été assassinés en public, on voulait un débat public". "Nos enfants ont été assassinés en public, on voulait un débat public", a renchéri, en colère, le père de Sofiane. L'éducateur de 22 ans, avait été poignardé, lui, 31 fois, dont neuf fois dans le dos, et frappé au crâne avec un marteau. Il décédera le lendemain de multiples hémorragies internes.
Les deux avocats de la défense, Bernard Ripert et Ronald Gallo, ont été rejoints par Me Francis Szpiner, avocat des familles des victimes. "Je rappelle que dix accusés sur douze étaient majeurs au moment des faits et qu'il sont tous majeurs aujourd'hui", a indiqué ce dernier. "Les parties civiles ont voulu s'exprimer, la cour leur a refusé la parole, ce qui les a profondément blessés et choqués", a-t-il ajouté.
Un huis clos pour garantir la sérénité des débats ? En revanche, l'avocat général et les autres avocats de la défense réclament, eux, le maintien du huis clos au nom de la "sérénité des débats". Me Emmanuel Decombard a ainsi dit vouloir "éviter un trop grand élan médiatique" et "faire un peu dégonfler" l'affaire. "Dans cette affaire très particulière, j'ai peur que le quartier de la Villeneuve et le quartier d'Échirolles viennent troubler le débat", a aussi expliqué Me Joëlle Vernay, avocate de deux accusés, dont un mineur.