Salah Abdeslam, soupçonné d'avoir joué un rôle clé dans les attentats de Paris, a passé trois contrôles de police en France avant de s'échapper en Belgique, selon une source proche de l'enquête en Belgique. Confirmant à l'AFP un article paru dans le Parisien, cette source se fonde sur le témoignage de Hamza Attou, soupçonné, avec Mohammed Amri, d'avoir exfiltré Salah Abdeslam vers Bruxelles au lendemain des attaques du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés.
Fier d'être le "dixième" terroriste. Selon cette source, Salah Abdeslam est "agité... pas à l'aise... pas bien", lorsque Hamza Attou et Mohammed Amri le retrouvent en France. Le terroriste présumé aurait contacté ses deux amis d'enfance belges par texto, avec un téléphone acheté aux puces à Barbès. Une fois dans la voiture, pour les inciter à l'exfiltrer, il aurait les menacés : "ll nous a dit de le ramener à Bruxelles, sinon il ferait exploser la voiture". Et pour les persuader, Salah Abdeslam se vante d'avoir abattu des gens à la kalachnikov, ajoutant que son frère Brahim s'est fait exploser et que lui, le seul survivant, est le "dixième" membre des commandos jihadistes. Il déclare également "qu'il a laissé la carte d'identité de son frère dans la voiture (il ne précise pas laquelle, ndlr) pour qu'il soit connu dans le monde entier comme (Amédy) Coulibaly", qui avait tué une policière municipale et quatre personnes dans un supermarché casher à Paris lors des attentats de janvier.
"Ah ouais, il y a des attentats ?" Avant d'appeler ses deux amis belges, Salah Abdeslam s'est d'abord tourné vers son cousin parisien, pour s'échapper de la capitale française le 14 novembre. Mais selon Le Parisien, le cousin a refusé. "Je ne sais pas si tu es au courant, mais il y a des attentats", lui rétorque celui-ci. Ce à quoi Salah Abdeslam rétorque : "ah ouais, il y a des attentats ?"
Fumer un joint, "ce n'est pas bien", leur dit un policier. Pour éviter les contrôles policiers, Salah Abdeslam demande à ses deux convoyeurs d'emprunter les petites routes, mais ils se perdent et se retrouvent sur l'autoroute. Il leur dit de rouler doucement. Ils n'évitent pas les barrages et subissent trois contrôles, en France. Au premier, le policier leur demande "s'ils ont consommé" du cannabis. Salah reste silencieux sur la banquette arrière. Amri et Attou répondent "oui" puisqu'ils viennent de fumer un joint. "Le policier a dit que ce n'était pas bien, mais que ce n'était pas la priorité aujourd'hui". Il ne leur demande pas leurs papiers. Ce n'est qu'aux deuxième et troisième contrôles que leur identité est contrôlée. Au dernier, près de Cambrai, Salah donne même son adresse de Molenbeek. A cet instant, il n'est pas encore recherché. Au troisième contrôle, quand les trois comparses prennent de l'essence, Salah Abdeslam "va aux toilettes et revient la veste ouverte". Ses convoyeurs n'y voient ni ceinture d'explosif ni kalachnikov.
L'enquête se déroule en France et en Belgique, d'où étaient partis et originaires plusieurs des assaillants. Comme l'a révélé Le Parisien, le SMS envoyé par l'un des tueurs du Bataclan disant "On est parti, on commence" était destiné à un numéro belge, a confirmé dimanche une source française proche de l'enquête. Deux hommes ont été mis en examen et écroués en France, soupçonnés d'avoir fourni un logement de repli au jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats. En Belgique, huit hommes ont été inculpés et incarcérés, dont quatre suspectés d'avoir véhiculé Salah Abdeslam dans les heures qui ont suivi les tueries. Ce Français de 26 ans, qui aurait au minimum joué un rôle de logisticien pour les attaques, reste introuvable.