"Un appel au secours" : une soixantaine de surveillants pénitentiaires d'Île-de-France bloquaient jeudi matin l'entrée de la maison d'arrêt de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, pour dénoncer la surpopulation carcérale et des conditions de travail "dégradantes".
Un tas de palettes et de pneus en feu. Des palettes de bois et des plaques de contreplaqué étaient dressées à l'entrée de la prison, et un tas de pneus et de palettes a été enflammé par les manifestants peu avant 7h30. Les gardiens répondaient à l'"appel à une mobilisation générale" lancé la semaine dernière par les syndicats SPS et FO, rejoints par la CFTC, premier syndicat de surveillants pénitentiaires à Villepinte. "On est là pour lancer un appel au secours, un SOS", a déclaré Erwan Saoudi, délégué FO. "On n'en démordra pas tant qu'on nous présentera pas un vrai plan d'action pour désengorger la prison et renforcer le nombre de personnels", a-t-il ajouté.
Les syndicats ont lancé un brasier devant la maison d'arrêt de Villepinte pour lancer un "SOS" pic.twitter.com/CnBCHu2wrW
— Myriam Lemétayer (@mlemetayer) 13 avril 2017
Des conditions de travail dégradées et "dégradantes". La directrice de la maison d'arrêt de Villepinte avait annoncé fin mars qu'elle n'accueillerait pas de nouveaux détenus, son taux d'occupation ayant atteint le record de 201%. Depuis, le nombre de détenus a légèrement baissé avec 1.117 détenus pour 587 places, selon Blaise Gangbazo, secrétaire général CFTC Justice. Pas de quoi tempérer le constat pour l'élu CFTC, qui évoque des conditions de travail non seulement dégradées mais "dégradantes" "tant qu'on ne désencombrera pas l'établissement", où la surpopulation oblige certains détenus à dormir sur des matelas au sol, dans des cellules à "trois voire plus", entraînant "de plus en plus d'agressions entre détenus".
Un renfort demandé "en urgence". Les gardiens cherchent à "alerter l'opinion publique et les familles car les surveillants comme les détenus sont en insécurité totale à l'intérieur" de la prison, a-t-il indiqué. "On n'est plus en mesure de déceler la radicalisation", a ajouté le représentant syndical, qui demande "en urgence au moins 30 agents" supplémentaires à Villepinte.
Mobilisation aussi à Fleury-Mérogis. Les manifestants devaient recevoir dans la matinée la visite du candidat Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France (DLF) à l'élection présidentielle. La grogne à la maison d'arrêt de Villepinte s'inscrit dans une protestation plus large. Lundi soir, plus de 350 surveillants pénitentiaires avaient bloqué durant quelques heures la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande prison d'Europe, pour protester contre la récente agression de six gardiens par huit mineurs lors d'une altercation entre détenus qui a dégénéré en bagarre. Ils ont décidé mercredi soir de maintenir la pression sur l'administration pénitentiaire, avec de nouvelles actions à venir.