Un restaurateur, accusé d'avoir chassé deux femmes musulmanes voilées de son établissement de Seine-Saint-Denis en leur tenant des propos islamophobes, a provoqué dimanche une tempête de réactions, sur les réseaux sociaux et jusqu'au gouvernement, et l'ouverture d'une enquête du parquet.
Une enquête et une plainte. Le parquet de Bobigny a indiqué avoir ouvert dimanche une enquête pour "discrimination à caractère racial". Interrogée par l'AFP, la préfecture de Seine-Saint-Denis a évoqué un "différend" ayant opposé samedi soir le patron de ce restaurant gastronomique baptisé "Le Cénacle", à Tremblay-en-France, à "deux clientes voilées". Ces deux habitantes de la région parisienne ont aussitôt pris contact avec le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), a indiqué l'association. Selon son porte-parole, elles ont l'intention de déposer plainte lundi matin avec l'aide du collectif.
Une altercation violente. Dans une vidéo apparemment filmée par une des deux clientes et ensuite mise en ligne, on entend deux voix de femmes lors d'un échange tendu avec le restaurateur en tablier blanc, dans la salle de restaurant. A l'une des deux femmes qui lance: "On ne veut pas être servi par des racistes, Monsieur!", le patron répond: "Les racistes mettent pas des bombes et ne tuent pas des gens, les racistes comme moi!". "Parce qu'on a mis des bombes, Monsieur ?", lui rétorque la voix. "Madame, les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes. Des gens comme vous, j'en veux pas chez moi. Maintenant, vous le savez, alors partez!" Les deux clientes ont ensuite quitté les lieux, après avoir prévenu la police.
Réaction sur les réseaux sociaux. La ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol a indiqué sur Twitter avoir saisi la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme "afin d'engager investigations et sanctions contre le comportement intolérable de ce patron de restaurant". Sur les réseaux sociaux, des appels à boycotter le restaurateur et à protester devant son établissement ont été lancés dimanche. Mais le CCIF a appelé au calme. Une vingtaine de jeunes gens se sont rendus dans l'après-midi devant le restaurant, selon lui. Le restaurateur est sorti "à plusieurs reprises" de son établissement "pour discuter avec eux et s'excuser, pour faire retirer la plainte", a relaté le responsable du CCIF, jugeant toutefois que "ce qui est fait est fait".