Le père de l’enfant séquestré pendant trois ans à Mulhouse s’attache, à en croire son avocat, à minimiser les faits. L’homme, âgé de 37 ans, nie tout enlèvement et évoque un simple conflit familial. Sauf que pendant trois longues années, il a mis tout en œuvre pour cacher la simple présence de son enfant à son entourage. Avec une efficacité certaine, puisque l’enquête a été longue avant l’intervention des policiers et la libération de l’enfant, mercredi.
Il a appris à son fils "à parler doucement". D’abord, le père s’attachait à ne laisser aucune trace. "Cet individu se cache, ne déclare rien, fait en sorte de sous-louer à des tiers donc n'a rien à son nom", a expliqué samedi Dominique Alzéari, procureur de la République de Mulhouse. "Il est passé au travers des contrôles, jusqu'à ce que le travail d'enquête des policiers leur permette de le localiser". Autre fait troublant, il a appris à son fils "à parler doucement" pour ne pas alerter les voisins.
"Jamais entendu un bruit". Rien d’étonnant donc à ce que les voisins tombent des nues. "Non non, on n'a rien remarqué, l'enfant n'est jamais sorti, il n'était jamais à la fenêtre", confie ainsi une dame habitant de l'autre côté de la rue. Le père, "c'est quelqu'un de très discret, j'ai jamais entendu un bruit, rien du tout", confirme un voisin de palier.
"Je savais qu’il avait un garçon, mais…" Même discrétion avec les collègues du père, qui décrivent un homme gentil mais nerveux. L’homme avait d’ailleurs été licencié après des conflits avec d’autres chauffeurs livreurs et un supérieur hiérarchique. Dominique, qui travaillait avec lui, savait tout de même qu’il avait un fils, mais pas beaucoup plus. "J’ai été choqué quand j’ai appris ça. Je savais qu’il avait un garçon mais il ne disait pas grand-chose, il cachait un peu les choses. Je l’avais invité une fois avec son petit garçon, mais il m’a dit qu’il ne pouvait pas venir", explique à Europe 1, visiblement ébranlé, celui qui était l’un de ceux qui le connaissait le mieux. "On fait beaucoup d’heures ici, toute la journée il était au travail, il devait rentrer tard le soir. J’imagine le petit garçon chez lui, tout seul. C’est assez dur".
Depuis trois semaines et le licenciement de son collègue, Dominique avait perdu sa trace. Jusqu’à cette arrestation chez un sous-traitant de l’entreprise vendredi matin.