Selon les informations recueillies par Europe 1, Patrick Buisson et Pierre Giacometti sont arrivés peu après 9 heures au Château des rentiers où ils étaient convoqués par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE). Les deux ex-conseillers de Nicolas Sarkozy sont convoqués à leur tour dans l’enquête sur les sondages de l’Elysée. Pierre Giacometti a été placé en garde à vue par les enquêteurs de la police judiciaire, dans le 13eme arrondissement de Paris. Étant nommément visé par la plainte avec constitution de partie civile, Patrick Buisson, lui, avait le droit de refuser d'être entendu sous le régime de la garde à vue. Il a donc fait valoir ce droit pour être directement interrogé par le juge d'instruction. A la suite de son audition, il a été mis en examen pour "recel de favoritisme, détournement de fonds publics et abus de biens sociaux."
Des sondages commandés sans respecter les règles des marchés publics. Depuis 2012, le juge du pôle financier Serge Tournaire mène une instruction sur les conditions dans lesquelles l’Élysée a commandé une multitude de sondages, sous le quinquennat Sarkozy. On parle de 264 sondages au cours des deux premières années de mandat, soit un tous les trois jours environ. Beaucoup moins les années suivantes, car la Cour des comptes avait tiré la sonnette d'alarme.
Au total, la facture dépasse les neuf millions d'euros au bénéfice de neuf instituts de sondage, dont la société de conseil Publifact, propriété de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, ainsi que celle de Pierre Giacometti, également conseiller. Le partenariat entre le Château et la société de Patrick Buisson avait été entériné, en 2007, par Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, sans aucun appel d'offres. Ce qui est en cause aujourd’hui, c'est donc le non-respect des marchés publics, l'absence d'appel d'offres étant obligatoire au-delà de contrats de plus de 90.000 euros par an.
Six autres conseillers entendus. En juin dernier, six anciens responsables ou conseillers de la présidence de la République sous Nicolas Sarkozy, dont Claude Guéant, Xavier Musca et Emmanuelle Mignon, avaient été placés en garde à vue dans cette affaire.
A l’issue de leurs interrogatoires, ils avaient été relâchés sans être déférées devant le magistrat instructeur. "Il n'y a pas de mise en examen" à ce stade des investigations, avait confirmé l'avocat de Claude Guéant. Avant de convoquer qui que ce soit, le juge d'instruction veut d'abord éplucher les déclarations des uns et des autres, pour déterminer qui, à l'Elysée à commander et validé ces fameux sondages.
Une enquête qui touche à sa fin. D'après nos informations, les auditions de Patrick Buisson et Pierre Giacometti devraient marquer la fin de cette enquête. Pour rappel, dans ce dossier, Nicolas Sarkozy est totalement intouchable, protégé par son immunité présidentielle puisqu'il était alors en poste à l'Elysée.